Le secteur privé ne bénéficie que d’une infime partie de l’opération de vaccination des nouveau-nés. Les parents s’adressent dans leur écrasante majorité aux centres de santé publics pour vacciner leurs enfants, se désole Said Afifi, président de la Société marocaine des sciences médicales (SMSM), cité par le quotidien Al Massae dans sa livraison du week-end des 27 et 28 avril. La raison, reconnaît-il, est qu’à l’hôpital public, l’acte de vaccination est gratuit.
Ainsi, explique ce pédiatre, sur les 600.000 nouveau-nés qui voient le jour chaque année au Maroc, 95% sont vaccinés dans les centres de santé du secteur public, alors que 34% de la population dispose d’une assurance maladie. Selon lui, en toute logique, l’acte étant pris en charge, les cabinets privés pourraient drainer beaucoup plus d’enfants. Or, insiste le président de la SMSM, les pédiatres du secteur privé vaccinent à peine 12.000 nouveau-nés par an, et aujourd’hui, ils réclament au moins 200.000 actes.
Pour justifier cet «appétit», ce responsable estime que le secteur public ne peut pas satisfaire une aussi forte demande dans les conditions optimales. L’idéal, explique-t-il, serait que les parents en situation de précarité s’adressent à l’hôpital public pour vacciner leurs enfants alors que ceux qui disposent d’une couverture médicale aillent chez les médecins privés. L’argent ainsi économisé par l’Etat pourrait servir à acheter d’autres types de vaccins que le ministère pourrait intégrer dans le programme national de la vaccination. Ce qui reviendrait à améliorer la politique de prévention, notamment contre certains types de cancer.
Cependant, les parents resteraient perdants, puisque les mutuelles ne rembourseront qu’une partie des frais engagés. Qu’à cela ne tienne, répond le responsable de la corporation des médecins privés. L’Etat, estime-t-il, pourrait contraindre les laboratoires pharmaceutiques à baisser les prix des vaccins de manière à ce que les mutuelles puissent rembourser la totalité des frais. In fine, conclut-il, cette opération permettrait à l’Etat de rationaliser ses dépenses dans le domaine de la santé.
L’Etat, rappelle le journal, a mis en place depuis 1987 un Programme National d’Immunisation (PNI). Ce programme assure la disponibilité de façon continue, équitable et gratuite de 13 vaccins, pré-qualifiés par l’OMS, dont 12 pour les enfants de moins de 5 ans et 1 vaccin pour les femmes en âge de procréer. Ces vaccins sont disponibles dans pas moins de 2.760 établissements de soins de santé primaire et des maternités hospitalières.