C’est une annonce qui fait date dans l’histoire de l’industrie pharmaceutique marocaine. Pharma 5 va prochainement mettre sur le marché le premier médicament générique à base de cannabis au Maroc. Il s’agit d’un traitement destiné à traiter l’épilepsie rebelle, une pathologie lourde qui touche environ 100.000 personnes dans le pays.
Non seulement il s’agit d’une première nationale, mais ce médicament positionne également le Royaume à la pointe de l’innovation médicale autour du cannabis thérapeutique. Mia Lahlou Filali, directrice générale de Pharma 5, ne cache d’ailleurs pas sa fierté: «Je suis très heureuse de vous présenter le premier médicament à base de cannabis thérapeutique 100% marocain qui va bientôt être mis sur le marché et qui a reçu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en septembre 2024. Son nom de code est Cannabidiol Pharma 5.»
Mia Lahlou Filali souligne: «C’est une avancée majeure pour nous et pour le pays. Nous avons mis en place une chaîne de valeur totalement intégrée, de la graine au produit fini, en respectant les normes les plus strictes.»
Cannabidiol Pharma 5 cible en priorité les patients atteints d’épilepsie rebelle, une pathologie neurologique sévère. Environ 25% des personnes atteintes d’épilepsie ne répondent pas aux traitements conventionnels. «Cela représente près de 100.000 Marocains, principalement des enfants, qui subissent des crises récurrentes au quotidien. Pour leurs familles, cela est une source de stress constant. Cannabidiol Pharma 5 offre une nouvelle solution thérapeutique», explique Abdelmoumen Mahly, directeur innovation et R&D chez Pharma 5.
Cannabidiol Pharma 5 est le nom de code du médicament 100% marocain, à base de cannabis, pour le traitement de l’épilepsie rebelle qui sera bientôt sur le marché. (K.Essalak/Le360)
Le médicament, à base de cannabidiol extrait localement, ne contient pas de THC, la molécule psychotrope du cannabis. «Il s’agit d’un traitement totalement sûr, sans effet psychotrope, qui a démontré son efficacité dans le traitement de l’épilepsie sévère», insiste-t-il.
Cette réussite est le fruit d’une collaboration étroite entre les secteurs public et privé. Pharma 5 a travaillé en partenariat avec l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC) et la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) pour garantir la qualité du produit.
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«Nous avons investi 250 millions de dirhams dans ce projet, dont 25% pour la recherche et le développement, notamment sur les aspects agricoles. Ce fut un véritable défi, car nous ne sommes pas agriculteurs de métier. Cependant, nous avons maîtrisé chaque étape, de la culture à l’extraction, pour obtenir une molécule active conforme aux normes pharmaceutiques», souligne Mia Lahlou Filali.
Cet effort financier et technique a permis de structurer une chaîne de production intégrée, selon Abdelmoumen Mahly: «C’est l’un des rares exemples d’intégration verticale complète, où chaque étape du processus, depuis la culture de la graine jusqu’à la production du médicament fini, est réalisée au Maroc. Nous cultivons la plante, la traitons, en extrayons la molécule active, et formulons le médicament destiné aux patients, le tout en mobilisant des ressources et des compétences 100% marocaines.»
Distribution prévue pour le premier semestre 2025
La distribution de Cannabidiol Pharma 5 est prévue pour le premier semestre 2025, après la fixation du prix par la DMP. Ce dernier sera déterminant pour garantir le remboursement du médicament, à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays. «Ce médicament sera prescrit sur ordonnance par les neurologues et sera, bien entendu, remboursé. Actuellement, son prix est en cours d’évaluation par la DMP. Une fois fixé, il sera soumis au dispositif de remboursement, comme c’est déjà le cas dans d’autres pays, où son efficacité contre l’épilepsie a été largement démontrée», précise la directrice générale de Pharma 5.
Au-delà de l’innovation médicale, ce projet reflète la volonté du Maroc de valoriser la filière du cannabis thérapeutique, conformément à la vision royale. «Le cannabis est une ressource ancestrale du Maroc, et aujourd’hui, grâce à un cadre légal adapté, nous pouvons exploiter son potentiel pour le bien-être des patients et pour le développement économique du pays», conclut Mia Lahlou Filali.