Le «lobby de la cigarette» a fini par vaincre les gouvernements qui se sont succédé aux affaires publiques durant ces dernières décennies. C’est le constat relevé par le quotidien Assabah dans son édition du week-end (10 et 11 août). La preuve en est, estime le quotidien, que les décrets d’application de loi 15-91 interdisant de fumer dans certains lieux publics n’ont jamais vu le jour. Pourtant, cette loi a été adoptée au Parlement, en 1991, et promulguée en 1995, avec sa publication au B.O n° 4381.
Les gouvernements n’ont pas, non plus, pu mettre en œuvre les différentes stratégies mises au point par le ministère de Santé pour la lutte contre le cancer. Ce qui justifie le constat relevé par Assabah, qui est manifestement partagé par l’actuel ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb.
Ce dernier a néanmoins fait part de sa détermination à mettre fin à cette situation, en renforçant l’arsenal juridique existant à travers la mise en œuvre d’un programme national de lutte contre le cancer, qui se poursuit jusqu’en 2029, ainsi que de la Stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles. Stratégie qui, notons-le, vise à réduire l’impact des maladies telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques et le diabète, qui représentent une part importante du fardeau de la santé publique.
Le ministre a, par ailleurs , tenu à mettre en garde les millions de jeunes, des deux sexes, contre le fléau du tabagisme qui est à l’origine d’un cancer létal. Et ce, souligne le quotidien reprenant les propos du ministre, qu’il s’agisse de la cigarette ordinaire ou celle électronique ou encore de «la chicha».
Citant des statistiques publiées par l’OMS, le quotidien affirme que le tabagisme est à l’origine de 30% des cas de décès dans les pays à faibles et moyens revenus. Ce qui fait dire au ministre de la Santé que cette situation représente une réelle menace pour le développement humain, social et économique mondial. C’est aussi un fardeau pour les pays eu égard au nombre des décès et de cas d’invalidité précoce que le tabagisme provoque.
Le tabagisme, souligne le ministre, pourrait être la cause de 10 millions de décès d’ici 2030, si aucune disposition ou mesure n’est prise pour en limiter l’ampleur.
Dans sa réponse à une question écrite qui lui a été adressée par un député de l’opposition socialiste, le ministre a assuré que, «face au fléau du tabagisme, le Maroc ne constitue pas une exception»
En effet, poursuit-il, «le taux de consommation du tabac est de 23,4% chez les hommes et de 0,3% chez les femmes, selon l’enquête nationale sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles».
Le ministre a également signalé que «le tabagisme est responsable de 8% des décès au Maroc. Il est à l’origine de 75% des cas de décès causés par le cancer des poumons et de 10% des cas de décès engendrés par les maladies du système respiratoire». Le ministre, toujours selon Assabah, a également relevé une hausse du nombre des Marocains qui fument «la chicha», malgré les multiples mises en garde de l’OMS contre consommation de ce produit nocif.