Le procès de dix-huit prévenus soupçonnés d'avoir collecté 70 millions d'euros provenant de réseaux de drogue français pour les injecter dans un tentaculaire circuit international de blanchiment occulte s'est ouvert lundi à Marseille, dans le sud-est de la France. Le cerveau du réseau, un certain El Haj, étant soupçonné d’être au Maroc, l’enquête s’est élargie au royaume, dans le cadre d’une procuration judiciaire émanant des autorités françaises.
Et c’est ainsi que le concerné, un homme d’affaires établi à Casablanca, et sa secrétaire, sont activement recherchés par les autorités marocaines. La réactivité des services de sécurité marocains a d’ailleurs été soulignée dans plusieurs rapports d’Interpol et d’Europol.
Mais «les comptes bancaires appartenant à ce El Haj au Maroc et saisis par les autorités sont vides et rien ne prouve pour l’heure qu’ils servaient à des opérations de blanchiment d’argent», nous apprend Assabah dans sa livraison de ce mercredi 16 octobre.
Tout a commencé lors de la découverte, le 10 juin 2015 sur une aire d'autoroute en France, d'un véhicule équipé d'une cache contenant plus de 298.000 euros. La trouvaille avait conduit les gendarmes à mettre au jour un réseau de blanchiment permettant l'évacuation de très importantes sommes vers la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas, mais aussi les Emirats Arabes Unis.
S’en est ensuivie, selon Assabah, une descente de la police française dans l’épicerie d’un ressortissant marocain, lors de laquelle près d'1 million d’euros, dissimulés dans un canapé, ont été retrouvés. L’épicier a été arrêté au même titre de certains de ses clients. La boîte de Pandore n’a pas tardé à éclater.
De fil en aiguille, relate l’agence AFP, un total de dix-huit personnes sont actuellement jugées pour une somme globale, nous le disions, de 70 millions d’euros.
Ce réseau d'argent sale fonctionnait sur le modèle de "l'hawala", un système financier datant du Moyen-Age. Il reposait sur la confiance mutuelle entre "sarafs" - agents de change - pour des règlements transfrontaliers sans déplacement physique d'argent.
Cette opacité aurait séduit les trafiquants de drogue qui pouvaient ainsi verser des fonds en Europe pour régler leurs fournisseurs au Maroc, pays où se trouve, selon le juge d'instruction, la tête de ce réseau de blanchiment, indique l'AFP.