Un bâtisseur de ponts, une voix qui porte, une personnalité qui inspire: ultime hommage à Mohamed Benaïssa

Le défunt Mohamed Benaïssa, ancien ministre des Affaires étrangères.

Revue de presseL’ancien ministre des Affaires étrangères, et maire emblématique d’Asilah, Mohamed Benaissa, est décédé le 28 février dernier à l’âge de 88 ans. Il était connu pour sa grande culture, son exceptionnelle aptitude au dialogue, son sens de l’écoute, son humilité et sa capacité à forger des consensus. Ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, Youssef Amrani lui rend un ultime hommage. Une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 05/03/2025 à 19h05

L’ancien ministre des Affaires étrangères, et maire mythique d’Asilah, s’est éteint à l’âge de 88 ans, après une vie consacrée au service de son pays.

Personnalité aux multiples facettes, Benaissa a laissé une empreinte indélébile dans les domaines de la diplomatie, de la culture et de la politique locale, écrit l’ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, Youssef Amrani, dans Jeune Afrique.

Il était connu pour son exceptionnelle aptitude au dialogue, son sens de l’écoute, son humilité et sa capacité à forger des consensus.

Ses proches le surnommaient affectueusement «Le Caméléon», en raison de son aisance à embrasser les différentes fonctions qu’il a occupées pendant plus d’un demi-siècle.

D’autres, admiratifs de ses vertus chevaleresques, de sa galanterie, de sa loyauté et de sa noblesse d’âme, le désignaient par le titre d’«El Caballero».

Tout au long de sa riche et diverse carrière, Benaissa a su cultiver des relations privilégiées avec des figures influentes du monde entier, en Amérique, en Afrique, en Europe et dans le monde arabe.

Son éloquence et son approche conciliante lui ont permis de tisser des liens étroits avec des personnalités telles que Léopold Sédar Senghor, Kofi Annan, Cheikh Tidiane Gadio et Moustapha Niasse.

En tant qu’ambassadeur à Washington, il a été un interlocuteur privilégié du Département d’État américain et du Congrès, notamment sur les questions arabes.

Sa relation de confiance et de considération avec Madeleine Albright s’est prolongée au-delà de leurs fonctions officielles, se traduisant par une collaboration au sein du think tank américain «Aspen Institute».

Sa maîtrise de la langue espagnole et son talent pour le dialogue lui ont valu d’être reçu en audience par les chefs d’État d’Amérique latine, témoignant de l’aura dont il jouissait.

Fin négociateur et habile diplomate, il a su défendre les intérêts du Maroc lors de nombreuses rencontres en Méditerranée.

Il a également entretenu des liens personnels avec des personnalités politiques espagnoles telles que José Luis Rodríguez Zapatero, Miguel Ángel Moratinos et Ana Palacio.

Mohamed Benaissa était également très respecté dans le monde arabe, où il a rencontré de nombreux chefs d’État et ministres au cours de sa longue carrière, écrit Jeune Afrique.

Il était d’ailleurs membre du prestigieux forum Sir Bani Yas, qui réunit d’anciens ministres des Affaires étrangères aux Émirats arabes unis.

Par son engagement et ses compétences, Benaissa a sublimé toutes les fonctions qu’il a occupées. Il a contribué à faire rayonner Asilah, sa ville natale, à travers le monde grâce à la «Fondation du forum d’Asilah», un espace de dialogue et de libre expression.

Diplomate dans l’âme, il considérait que «la diplomatie est l’art de l’influence».

En quittant ce monde, cet homme d’État laisse un héritage bien plus vaste qu’une simple influence, celui d’un professionnalisme rigoureux et d’une conscience aiguë du service public.

Par Hassan Benadad
Le 05/03/2025 à 19h05