Trafic d'organes: témoignages sur un crime pas comme les autres

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Revue de presseKiosque360. Plusieurs personnes se disent victimes de réseaux de trafic d'organes, parfois à leur insu. D'autres mettent en vente, de leur vivant et de leur plein gré, certains organes vitaux très recherchés comme le rein.

Le 24/10/2014 à 06h33

Dans sa livraison de cette semaine, l'hebdomadaire Alaan met la lumière sur le trafic d'organes dans un reportage qui rapporte des histoires de personnes dont des organes ont été volés et d'autres qui mettent en vente des organes vitaux pour subvenir aux besoins essentiels de la vie.On entend souvent parler de réseaux spécialisés dans le vol et le trafic d'organes humains au Maroc. Dans certains cas, la victime se rend compte du crime horrible qui l'a visée mais dans d'autres cas c'est seulement à l'occasion d'une auscultation ou d'une radio qu'elle réalise qu'elle a été charcutée à son insu. Dans ce sens, Alaan relate l'histoire de Abdelhakim, un citoyen d'Agadir qui a découvert par pur hasard qu'il a subi une ablation du rein lors d'une appendicectomie effectuée dans un centre hospitalier universitaire. L'hebdomadaire écrit, en le citant, qu'il ne s'est douté de rien après l'opération. Tout allait bien jusqu'au jour où il a été pris de violents coliques qui étaient accompagnés d'un ictère. Quand le médecin l'a ausculté, il lui a expliqué qu'il vivait avec un seul rein et que l'opération qu'il a subi n'était qu'une néphrectomie.

Un rein contre un logementLe trafic d'organes comme le rein se trouve favorisé par le nombre des cas atteints d'insuffisance rénale. Selon Alaan, ils sont actuellement un million de patients vivant avec l'insuffisance rénale, dont 9.114 ayant une insuffisance rénale chronique (irréversible avec obligation d'hémodialyse). Or, le nombre de dialysés ne dépasse pas les 6.114 cas qui ont recours aux 160 centres d'hémodialyse dont 54 seulement relèvent du ministère de la Santé.Le témoignage le plus poignant dans le reportage d'Alaan reste celui de Mohamed Nahali, un retraité de l'armée demeurant à Mohammedia qui a mis son rein en vente pour pouvoir offrir un logement décent à sa famille. A 62 ans, l'ancien soldat affirme que sa pension ne dépasse pas les 1625 DH par mois. Une somme dérisoire qui couvre à peine le loyer et les factures de l'eau et de l'électricité. Quand l'hebdomadaire a évoqué avec lui la criminalisation de la vente des organes que ce soit par la religion, la loi ou la société, Mohamed a déclaré avec amertume “ Je suis un ex-militaire. Je n'ai appris aucun autre métier. Je ne veux pas faire la manche ou voler, parce que ma morale et ma religion me l'interdisent”. Poignant.

Par Fatima Moho
Le 24/10/2014 à 06h33