Le tableau noir dressé par Amnesty international à propos de la torture au Maroc occupe une large place dans les Unes de la presse de ce mercredi 14 mai. Il s'agit d'un avant-goût de son futur rapport sur la question, dont la publication est attendue pour 2015. En attendant, le gouvernement a qualifié le constat de l'ONG mondiale de partial, estimant injuste que le Maroc, malgré ses efforts en matière de promotion des droits de l'Homme, soit placé au même niveau que les pires tortionnaires dans le monde. Akhbar Al Yaoum livre les détails de la conférence de presse qu'a donnée, mardi, le directeur général d'Amnesty Maroc, Mohamed Sektaoui. Selon le journal, ce dernier a déploré que des personnes continuent à subir au cours de leur arrestation "d'atroces sévices, tels que les coups sur les corps, les suspensions de corps, les menaces d'agression sexuelle et les viols à la bouteille".
Le constat sombre d'Amnesty, relève Al Akhbar, a été dressé par Sektaoui à l'occasion du lancement à Rabat de la campagne mondiale sur la lutte contre la torture par l'ONG mondiale. "Il n'existe plus de pratique de tortures systématiques, mais il y a en revanche un échec systématique au niveau des promesses données par les responsables pour mettre fin à ces exactions". Amnesty s'est fait l'avocat du détenu Ali Laarass qui s'est dit avoir été victime de tortures après son extradition par l'Espagne au Maroc", dans le cadre d'une affaire de terrorisme, rapporte le quotidien. Sous le titre, "Le viol à la bouteille revient en force", Assabah reprend les propos de Sektaoui, selon lesquels, Amnesty aurait espéré que le Maroc rompt avec cette pratique qui est à nouveau utilisée, à l'instar d'autres méthodes de torture. Selon le quotidien, le directeur d'Amnesty a appelé le gouvernement à ne "plus tenir un double langage en ce qui concerne ses engagements internationaux". Al Massae affirme, pour sa part, qu'Amnesty considère que malgré la présence d'un arsenal juridique interdisant au Maroc la torture, celle-ci est "toujours pratiquée". L'ONG, d'après Al Massae, propose notamment "l'utilisation de caméras pour enregistrer les auditions des mis en cause lors de leurs interrogatoires par la police et le parquet".
Le gouvernement a réagi en déplorant qu'Amnesty se permette d'accabler le royaume. D'autant plus que les constats de l'ONG ne reposent pas sur des données de terrain fiables, estiment des observateurs. Il faut néanmoins reconnaître que l'impunité joue un mauvais tour au Maroc. Il faut réfléchir à créer un mécanisme indépendant de suivi et de lutte contre la torture. L'Exécutif, pour sa part, est appelé à améliorer son déficit en matière de coordination et de communication avec les ONG internationales. Certes, le Maroc a fait de grandes avancées en matière de promotion des droits de l'homme, mais il existe malheureusement des tentatives visant à le tirer vers le bas.