Les différents supports de la presse arabophone paraissant ce vendredi 30 août ont consacré leur Une à ce qu’ils ont qualifié quasi unanimement de drame du «Stade de la mort».
Selon Al Ahdath Al Maghribia, les inondations consécutives aux pluies diluviennes qui se sont abattues dans l’après-midi de ce mercredi soir sur la commune d’Imi Ntiyaret, dans le douar de Tizert sis à proximité de Taroudant, ont emporté tout un terrain de football et ses dépendances, avant de le transformer, en l’espace de quelques minutes, en cimetière pour les joueurs et les spectateurs qui y partageaient dans la joie leur sport favori.
7 morts et un disparu, en plus de dégâts matériels importants, sont à déplorer. Surtout qu’un pont en voie de réfection a été complètement détruit et la commune de Taliza, qu’il desservait, s’est retrouvée encerclée par les eaux et coupée du reste de sa région. De même, la ville proche de Tata a également connu son lot d'inondations, ce qui a poussé les autorités locales à réquisitionner des écoles, à la veille de la rentrée scolaire, pour en faire un refuge pour quelque 200 familles dont les domiciles sont menacés par les eaux.
Le quotidien Al Akhbar rappelle, de son côté, que ce mercredi noir du 28 août intervient à quelques jours seulement du drame du Haouz, où des inondations ont englouti, mercredi 24 juillet dernier, une estafette, la transformant en tombeau pour 15 de ses occupants.
Al Akhbar rapporte aussi que plusieurs voix se sont élevées ces derniers temps dans la région, surtout sur les réseaux sociaux, pour mettre en garde contre les dangers que fait encourir le terrain de football de Ntiyaret à ses usagers, au vu de son mauvais emplacement en plein lit de l'oued, dans une région montagneuse et orageuse. En tout cas, les élus et responsables locaux sont dans une mauvaise posture, car ils risquent de payer cher leur laxisme dans ce drame. Et ce, même si ce stade a été construit petit à petit, durant plus de trois décennies, grâce aux seuls apports des jeunes, locaux et expatriés, de la région.
De son côté le quotidien Al Massae met surtout l’accent sur la réaction à ce drame de la part de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme. Selon certain membres de cette Rabita, le dispositif de veille et de vigilance qui a été créé en 2018 par le ministère de l’Intérieur en coordination avec le secrétariat d’Etat à l’Eau, et dont l’objectif est d’anticiper les dangers climatiques (inondations, froid, fortes chaleurs, mer démontée…) n’a jamais fonctionné. C’est pourquoi, elle en appelle à sa rapide mise en place. Pourtant, la Direction de la météorologie nationale a bien sorti un bulletin météo, mercredi dernier, mettant en garde contre de violents orages dans de nombreuses régions du royaume, dont celle où le drame est survenu.
La LMCDH a également exigé d’enquêter sur le sort des importantes enveloppes budgétaires consacrées annuellement aux instituts de recherches et autres comités nationaux et régionaux chargés de la gestion du dossier des catastrophes naturelles, institutions qui semblent peu proactives.
Des critiques sur lesquelles rebondit le quotidien Assabah, qui ajoute que le gouvernement a bien pris conscience, depuis 1995, des dangers que peuvent constituer les inondations en matière d’occupation illégale du domaine aquifère ou des lits des cours d’eau. De nombreuses lois, décrets, circulaires et plans d’intervention existenten ce sens, mais… sur le papier.