Abdessamad Idrissi, l’avocat qui avait défendu le journaliste Taoufik Bouachrine lors de son procès, s’est dit étonné des propos tenus par son ancien client dans un entretien accordé à un site électronique après sa sortie de prison. Pourtant, à la veille de sa publication, Bouachrine avait rassuré l’avocat, suggérant qu’il avait parlé de lui en termes élogieux, rapporte Al Ahdath Al Maghribia du vendredi 27 décembre. «Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai visionné cet entretien vidéo dans lequel il m’attribue des prises de position erronées, alléguant que j’ai été soumis à des pressions pour ne pas le défendre et qu’il a payé mes honoraires», précise-t-il. Dans une lettre adressée au quotidien précité, l’avocat souligne qu’il a appelé Bouachrine pour lui faire des remontrances.
Selon Idrissi, ce dernier lui a bien présenté ses excuses tout en lui promettant de publier des clarifications pour rectifier le tir. Néanmoins, Bouachrine n’a pas tenu parole, obligeant l’avocat à démentir des «déclarations tendancieuses qui portent atteinte à sa qualité d’avocat, de politique et de défenseur des droits de l’homme». Il explique que la décision de défendre Taoufik Bouachrine dès son placement en garde à vue fut une initiative personnelle. Et l’avocat de préciser: «J’ai pris cette décision après avoir été contacté par sa famille et ses amis. Si j’avais à estimer mes honoraires, je lui aurais demandé des centaines de milliers de dirhams mais j’ai toujours considéré que je plaidais pour un dossier relatif aux droits de l’homme. Quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai entendu Bouachrine prétendre qu’il avait réglé mes honoraires».
Selon Idrissi, ni Saad-Eddine El Othmani ni aucun dirigeant du PJD ne l’a dissuadé d’assurer sa défense, relaie Al Ahdath Al Maghribia. Bien au contraire, ajoute-t-il, le PJD a été le seul parti à appeler, par communiqués interposés, à libérer les journalistes emprisonnés. Idrissi a précisé qu’il avait décidé de ne plus assister aux audiences, tout en continuant à assumer la défense de son client, en raison d’un différend sur la stratégie de défense et le recours à des mécanismes étrangers pour plaider devant des tribunaux marocains. «J’ai rendu de grands services à Bouachrine en tant qu’avocat, homme politique et défenseur des droits de l’homme sans la moindre contrepartie. Mais je ne m’attendais pas à ce que tous ces efforts soient récompensés par l’affront, l’ingratitude et le mensonge», conclut l’avocat.