Depuis que les autorités marocaines ont décidé de mettre fin à la contrebande «vivrière» entre le Maroc et les deux présides occupés, Sebta et Mélilia, des entreprises commencent à importer les produits espagnols. Ces entreprises, dûment constituées et basées principalement à Casablanca, mettent ainsi sur le marché, progressivement, les produits espagnols les plus demandés, mais à des prix légèrement supérieurs, rapport le quotidien Al Massae dans sa livraison du week-end des 29 février et 1er mars.
Ainsi, écrit le quotidien, les principaux produits, notamment des produits alimentaires, qui entraient au Maroc par la voie de la contrebande et sur le dos des « femmes-mulets », sont actuellement disponibles sur le marché. Ces produits portent désormais des indications sur les sociétés importatrices pour une meilleure traçabilité. Naturellement, affirment des sources citées par le quotidien, ces produits sont proposés à des prix légèrement supérieurs à ceux de la contrebande. Les sociétés importatrices sont bien obligées, soutiennent les mêmes sources, de répercuter sur les prix pratiqués les droits d’importation qu’elles ont payés.
En même temps, les marchés des villes du Nord spécialisés dans le commerce des produits de contrebande connaissent une baisse d’activité sans précédent. Pour remédier à cette situation, les autorités marocaines ont lancé la première tranche de la réalisation d’une zone dédiée aux activités économiques à Fnideq, pas loin de Sebta. Cette zone, qui sera aménagée par l’Agence de développement et de promotion des provinces et préfectures du Nord, pour un budget de 91,5 millions de dirhams pour la première tranche, sera à même d’initier une nouvelle aire, plus prometteuse, pour les activités commerciales et économiques dans cette région.
La zone sera dotée d’un régime fiscal particulier, précise le quotidien, et représentera une alternative pour les milliers de personnes qui s’adonnaient, jusque-là, aux activités de la contrebande vivrière. Le quotidien précise par ailleurs que malgré les pressions exercées du côté espagnol, les autorités marocaines se sont montrées fermes. Il n’y a plus lieu de revenir en arrière. Il n’est plus question de permettre l’existence de ces activités de contrebande. Une décision qui affecte sérieusement l’économie des deux villes occupées, basée essentiellement sur ce commerce. Ce qui fait dire au quotidien Assabah qu’une «guerre silencieuse» s’est déclarée entre les deux côtés.
Le quotidien qui évoque lui aussi ce sujet dans son édition du week-end, affirme que des «lobbys économiques», principalement de la ville de Sebta, font actuellement pression sur le gouvernement central de Madrid pour qu’il intervienne en vue de mettre fin à ce qu’ils considèrent comme «le blocus imposé par le Maroc». Les grands commerçants de la ville occupée, soutenus par la presse locale, ont mobilisé tous leurs moyens matériels et logistiques pour gagner la solidarité de la population et l’appui des organisations politiques syndicales et associatives. L’objectif étant de faire pression sur les autorités de leur pays afin qu’elles interviennent, à leur tour, pour faire revenir les choses à l’état initial.
Cette mobilisation des commerçants, dont un grand nombre ont baissé les rideaux après la fermeture du point de passage «Tarajal II», a pu aboutir, puisque les autorités de la ville ont déjà tenu plusieurs réunions avec les organisations politiques et associatives pour préparer un plan de riposte. Entre autres pistes évoquées, l’interdiction de l’importation des matériaux de construction depuis le Maroc, le brouillage du réseau de téléphonie mobile espagnol qui couvre la région et l’obligation de visa pour les habitants des villes de Tétouan, M’dieq, Fnideq et Martil.