Le 3 juin, une opération conjointe de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) a permis la saisie d’une cargaison de plus de 18 tonnes de drogue à Sidi Rahal Plage. La quantité saisie constitue un record depuis le début de l’année en cours, loin devant les 10,5 tonnes saisies à Agadir le 17 mars, ou encore les 10,3 tonnes interceptées, le 27 du même mois et dans la mêle ville.
Si on sait que la destination finale des stupéfiants (cannabis, comprimés psychotropes, cocaïne et kif en tige) et des tabacs de contrebande (tabac à priser, cigarettes et autre pâtes «maâssel») saisis par les forces de l’ordre dans le cadre de leurs opérations est une décharge publique où ils sont incinérés, cette étape est précédée par d’autres verrouillées par les lois et règlements.
La phase laboratoire
Dès qu’une saisie est effectuée par l’un des corps de sécurité, civil (Sûreté nationale, douanes) ou militaire (Forces armées royales, Gendarmerie royale), des échantillons des produits récupérés sont prélevés par les éléments du Laboratoire national de la DGSN, ou envoyés pour analyse au siège de l’institution, situé sur le boulevard Roudani à Casablanca , nous explique une source sécuritaire. «À titre d’exemple, on vérifie le taux de THC d’une saisie de résine de cannabis, ou on définit le degré de pureté quand il s’agit de cocaïne», détaille notre interlocuteur.
Les résultats de ces analyses sont d’une grande utilité dans le travail de la police, puisqu’ils sont susceptibles de l’aider à déterminer la provenance de la substance en question, d’appréhender l’évolution du trafic de drogues et de surveiller les tendances sur le marché illégal des stupéfiants.
Incinération de 24 tonnes de drogue, le 31 décembre 2021 à Tanger (S. Kadry / Le360).
Quant au gros des quantités de drogue saisies, il est d’abord entreposé sous bonne garde du corps sécuritaire qui l’a intercepté, mais pas pour très longtemps. «Quand il s’agit de petites quantités, elles peuvent être confiées à la salle des scellés. Ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de plusieurs tonnes de drogues. Et les choses se compliquent quand la saisie de drogue s’accompagne de celle d’encombrants matériels, comme des véhicules ou des embarcations maritimes», poursuit notre source.
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Dans ce cas de figure, et sous la supervision du parquet, les drogues et autres produits illicites saisis sont confiés aux services de la Douane, car ils sont pratiquement les seuls à disposer de grands entrepôts et donc d’une «capacité de stockage» suffisamment étendue pour conserver les produits saisis.
La phase du «bûcher»
Selon des sources informées, interrogées par Le360, les autorités s’apprêtent à incinérer dans les prochains jours près de 40 tonnes de drogue et autres stupéfiants dans la décharge de Mediouna, dans la banlieue de Casablanca. Mais, en général, il n’y a pas de délai précis pour procéder à ces incinérations. Cela dépend des décisions de la justice. «Parfois aussi, nous avons besoin d’une masse critique de drogues saisies pour une incinération car les douaniers et les autres intervenants ne peuvent pas passer leur temps à faire des allers-retours vers les décharges publiques», explique un ancien cadre de la Douane.
Le jour «J», les drogues sont convoyées par la Douane sous bonne escorte et l’incinération se fait sous la supervision d’un magistrat et en présence des représentants des forces de sécurité, des autorités locales et de la Protection civile. Sur des balles de paille, les éléments de la Douane, généralement aidés par des employés communaux, déposent les drogues à incinérer et les aspergent de carburant. Un craquement d’allumette et la messe est dite.
Une autre opération de destruction de 20 tonnes de drogue, le 23 septembre 2019 à Tanger. (Y. El Harrak / Le360)
Des risques de détournement ou de drogues qui ne brûlent pas complètement et qui risqueraient d’être récupérées? «Ces risques sont très minimes car la consigne est de rester sur place le temps que cela prendra jusqu’à ce que l’on constate la totale incinération des drogues», répond une source sécuritaire.
Le jackpot revient à... la Douane
Une fois réglé cet aspect de la procédure, en l’occurrence la destruction des drogues, la Douane a le droit de se constituer partie civile dans le procès intenté aux contrevenants pour demander des sanctions pécuniaires.
Dans le cas par exemple de l’affaire Naciri-Bioui, la Douane réclame plus de deux milliards de dirhams. Car, selon la législation (Code des douanes), cette administration a le droit de réclamer le double de la valeur marchande objet du délit. Pour les matériels et objets saisis par les enquêteurs (véhicules, téléphones, embarcations…), ils sont également mis à la disposition de la Douane qui les vend aux enchères.