Cette édition s’inscrit dans un contexte géopolitique et économique particulièrement singulier. Placée sous le thème directeur «Reconstruire la confiance pour un monde uni et pluriel», elle ambitionne de restaurer une capacité d’action collective, en mettant l’accent sur la reconstruction de la confiance en l’avenir, la consolidation de la confiance au sein des sociétés, et la résurgence de la confiance comme vecteur essentiel de coopération entre les nations.
La cérémonie d’ouverture se tiendra le 6 décembre à 16 h, au Centre des conférences de l’Université Euromed de Fès. Elle sera marquée par des allocutions officielles, l’inauguration de la chaire «Alliance des Civilisations», créée en partenariat avec l’UNAOC des Nations unies, ainsi que par la remise des prix de la Fondation méditerranéenne. Un concert œcuménique, inspiré du patrimoine spirituel des trois religions monothéistes, viendra clôturer cette ouverture.
Les Rencontres de l’Université Euromed de Fès se tiennent à une échelle sans précédent, réunissant plusieurs experts venus d’horizons divers, animés par un même désir d’affranchissement des incertitudes et des scepticismes, souvent sources d’injustices, de dogmatismes, de cynismes et de fractures. Ces rencontres sont portées par la détermination de promouvoir le dialogue en vue d’élaborer des solutions communes aux problématiques mondiales, telles que les impacts de l’Intelligence artificielle (IA) sur l’intégrité et l’exactitude des informations, les phénomènes climatiques extrêmes, ou encore la migration forcée sous la pression de divers facteurs. L’émergence de ces menaces non traditionnelles, aux côtés des risques traditionnels tels que les conflits armés et les inégalités économiques, accentue l’état de fragilité d’un monde de plus en plus en perte de repères.
D’où ces questions incontournables: l’humanité aurait-elle atteint son seuil d’incompétence morale? Comment se comporte-t-on, et comment devrait-on se comporter face à des dérèglements multiples, face à des conflits qui ne sont plus les guerres d’hier, face à des enjeux sécuritaires qui n’ont plus rien de commun avec ceux d’autrefois, face à des sociétés qui s’expriment d’une manière inédite, face à des mouvements nationalistes qui, bien que semblables en surface, diffèrent profondément de ceux du passé?
Que faire face aux multiples dérèglements: intellectuels, caractérisés par un déchaînement des affirmations identitaires; climatiques, résultant d’une longue pratique d’irresponsabilité envers notre planète; migratoires, imposant une nouvelle grammaire des relations internationales, marquée, chez les États d’accueil, par une logique draconienne de contrôle des frontières et une politique souverainiste et répressive, sans pour autant parvenir à endiguer ce phénomène de mobilité aux dimensions immaîtrisables; économiques et financiers, entraînant le monde dans des zones de turbulence aux conséquences imprévisibles?
Autant d’interrogations complexes auxquelles les Rencontres de l’Université Euromed de Fès ambitionnent d’apporter des réponses nourries d’espoir, en faisant de la recherche de la confiance un outil opératoire de dialogue et d’intercompréhension. Cette quête commence par la nécessité de changer de perspective, de regarder nos problèmes et nos contradictions autrement, pour mieux les modifier. Cela implique de se libérer des préjugés tenaces, des prérequis arbitraires, du narcissisme aveugle, du mythe de l’éternel recommencement de l’histoire, et de faire émerger l’inédit prometteur d’une nouvelle ère de vivre-ensemble, afin de mieux s’y adapter.
Les Rencontres de l’Université Euromed de Fès visent ainsi à offrir un espace de débat serein, permettant de tracer la voie vers la restauration de la confiance. Certes, le paysage mondial actuel est profondément marqué par une division croissante, la recrudescence de la violence et la multiplication des conflits. Mais le pessimisme de la raison ne doit pas anéantir l’optimisme de la volonté. La période difficile que nous traversons doit, au contraire, nous inciter à rejeter la méfiance et à rétablir la foi en une concorde mutuelle. Cela exige de repenser notre vision des appartenances, des convictions, des intérêts et du destin de cette planète commune, qui appelle une responsabilité partagée.