Réforme de la tarification des médicaments: les pharmaciens en alerte

Des médicaments dans une pharmacie.

Revue de presseAlors que le gouvernement engage une révision majeure destinée à moderniser la politique de santé, les pharmaciens mettent en garde contre un risque sérieux de déstabilisation économique et sociale du secteur, menaçant l’accès aux soins et la sécurité pharmaceutique du Royaume. Voici leurs arguments. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 10/08/2025 à 18h24

Le gouvernement marocain poursuit la mise en œuvre d’un projet de décret visant à réviser la politique de tarification des médicaments, dans le cadre d’une ambitieuse modernisation des politiques de santé.

Toutefois, cette initiative suscite de vives inquiétudes au sein du secteur pharmaceutique national qui regroupe plus de 14.000 pharmaciens et pharmaciennes, ainsi que plus de 50.000 cadres et assistants. Ces professionnels dénoncent un risque existentiel réel qui pourrait paralyser l’ensemble du secteur, écrit le quotidien Al Akhbar, dans son édition de ce lundi 11 août.

Le projet gouvernemental, s’il est appliqué dans sa forme actuelle, entraînerait, selon les estimations, une baisse du chiffre d’affaires des officines de l’ordre de 25 à 30%, alors même que les coûts de gestion et les obligations fiscales ne cessent d’augmenter, a-t-on libellé.

Cette situation pourrait pousser un grand nombre de pharmacies au bord de la faillite, menaçant directement la sécurité pharmaceutique nationale et l’accès équitable des citoyens aux médicaments et aux soins. Les professionnels du secteur expriment leur étonnement face à ce qu’ils qualifient de «réforme punitive» à l’encontre des pharmaciens, qui jouent un rôle clé dans la protection de la santé publique et la continuité du service sanitaire dans toutes les régions du Royaume.

Les pharmaciens rappellent que la durabilité des caisses d’assurance maladie ne peut être réduite à une simple baisse des prix des médicaments. Les équilibres financiers de ces caisses dépendent aussi d’autres facteurs importants tels que les coûts des analyses médicales, des hospitalisations et des traitements coûteux, le manque de contrôle sur la facturation, ainsi que la délivrance de médicaments onéreux en dehors des officines, a-t-on encore libellé.

Face à cette complexité, les professionnels demandent une réforme globale et intégrée qui s’attaque aux dysfonctionnements de l’ensemble du système sanitaire et pharmaceutique, plutôt que de cibler uniquement une partie. Ils rappellent leur rôle historique et les sacrifices consentis lors de différentes étapes cruciales de la politique sanitaire nationale.

Ils avertissent que le refus d’entendre le fait que leurs revendications légitimes aggravent leurs difficultés professionnelles et sociales, dans un contexte marqué par l’absence d’une vision claire et proactive en matière de planification sanitaire. L’inquiétude grandit, d’autant que le Royaume connaît une pénurie alarmante de médicaments, avec plus de 600 références manquantes sur le marché national, conséquence directe des réductions successives des prix.

Cette crise a poussé les pharmaciens à exiger l’ouverture immédiate d’un dialogue constructif avec les autorités concernées, avant que la situation ne devienne irréversible. Dans un climat de frustration et de défiance qui s’installe durablement dans le secteur, les professionnels mettent en garde contre une montée en intensité de leurs actions de protestation, affirmant que la lutte pour la dignité professionnelle et des conditions de vie décentes est engagée.

Ils insistent sur le fait que leur combat vise à préserver la santé des citoyens et garantir la pérennité d’un système pharmaceutique solide et stable dans le Royaume, ajoute-t-on.

Par La Rédaction
Le 10/08/2025 à 18h24