Comment expliquer tramedine? Un état physique et mental, trèèèèès délicat: tu jeûnes et tu en veux à la Terre entière. Et parce que tu es frustré, tu te défoules sur les autres qui doivent accepter tes débordements et ton agressivité. Meskine, sayème (le pauvre, il jeûne)!
Ramadan ne se limite pas à s’abstenir de manger, de boire et de faire l’amour de jour, en occupant son temps à prier, mais de se maîtriser, d’être dans le pardon, généreux et aimable avec les autres.
Malheureusement, le jeûne se limite souvent aux rituels et nombre de nos concitoyens occultent le civisme, l’éthique et ses valeurs, pourtant prônés par l’islam.
De jour, les pulsions explosent et provoquent de l’agressivité, de la violence. L’ambiance est électrifiée.
Grâce à tramedine, le spectacle des bagarres entre plusieurs mramednine égaye l’espace public et devient un passe-temps pour les passants.
Les raisons de ce malaise dans les foyers, au travail et dans l’espace public? Le manque de sommeil, l’addiction au café, thé, alcool, la boulimie et ses problèmes digestifs…
L’agressivité provient aussi de l’hypoglycémie, chute du sucre dans le corps, due au jeûne. Elle provient des frustrations et des différents désagréments: maux de têtes, vertiges, hausses de tension artérielle et du taux du diabète… L’hygiène de vie désastreuse et les excès provoquent tramedine.
La rue devient un espace de souffrance. Les femmes en sont les premières victimes: habitués à draguer, beaucoup d’hommes expriment leur frustration par des paroles agressives à l’égard de femmes qu’ils considèrent comme une menace à leur piété.
Ramadan, c’est aussi le harcèlement par les mendiants qui occupent tous les espaces, en masse. Si vous avez le malheur de leur refuser une pièce de monnaie, ils vous inondent d’insultes et vous traitent de kafir (mécréant).
La location des enfants et des infirmes pour la mendicité atteint sa meilleure cote. Les marchands ambulants deviennent insistants, surtout dans les carrefours et les feux rouges. Vous subissez les assauts des mendiants et des vendeurs qui vous encerclent et tapent sur les vitres.
Les croyants mramednine sont sous tension, car les budgets explosent ainsi que l’endettement auprès des banques, des proches, des épiciers, des bouchers.
Il faut que les tables débordent de mets pour satisfaire la boulimie des membres de la famille. Et c’est relatif à tous les niveaux socio-économiques.
Les tables croulent sous les aliments : jus de fruits de toutes les couleurs, pâtisseries, laitages, cuisine marocaine traditionnelle et moderne, japonaise, chinoise, espagnole, turque, française, syrienne, italienne. Beaucoup rompent le jeûne avec un verre de lait et 3 dattes. «C’est ainsi que faisait le Prophète !». Sauf que le Prophète n’avait pas toutes les variétés de mets que nous avons aujourd’hui!
Les mères et leurs filles sont épuisées, les nerfs sont à fleur de peau, puisque les hommes n’aident pas.
Ramadan est aussi le mois des loisirs. Le soir, la fréquentation des cafés atteint le summum: marche, promenades dans les boulevards et les centres commerciaux, réunions pour jouer aux cartes…
C’est le mois de silate ar-rahim, où les musulmans accomplissent de bonnes actions en renouant les liens de sang et d’amitié. Mais comme nous ne savons pas faire dans la simplicité, recevoir est une contrainte financière et physique pour les ménagères.
Le travail, le rendement, le service! Le comble! Ne dit-on pas que le travail est une forme de piété? Absentéisme, manque de respect des délais et des promesses. Jeûner justifie le laxisme. Pourtant la triche et le mensonge sont condamnés par l’Islam!
Si vous protestez, on vous rappelle que c’est ramadan. Quand vous demandez où est l’employé, on vous répond qu’il est parti prier! Des prières qui s’allongent le long de la journée! Tous les corps de métier tournent au ralenti.
Les mosquées débordent de croyants. Pourtant, les disputes explosent partout, les insultes les plus obscènes, les bagarres au corps à corps. Que de croyants, à la sortie de mosquées, longue barbe, arborant fièrement leur cercle noir sur le front annonçant «je prie», chapelet à la main, roulent dans des sens interdits, brûlent les feux rouges, bloquent tout un boulevard en stationnant en deuxième position pour aller acheter des pâtisseries. Si vous leur faites une remarque, beaucoup n’hésitent pas à vous insulter, mettant Dieu et le sexe de votre mère dans une même phrase.
À la porte des mosquées, c’est la pagaille. Pour prier, les croyants bloquent les portes des maisons, les rues et boulevards dans un égoïsme déplorable: les familles ne peuvent plus entrer chez elles ou en sortir. Elles ne peuvent déplacer leur véhicule pour récupérer leurs enfants à l’école.
De quelle religion s’agit-il ici? L’islam recommande le respect de l’autre et surtout de privilégier l’intérêt général à l’égoïsme. Comment un homme peut-il s’adresser à Dieu en toute quiétude, tout en sachant qu’il est en train de priver des dizaines de citoyens de leurs droits?
Mais là où le tramedine atteint son apogée, c’est dans la circulation. Des embouteillages énormes dus, non pas à la masse de voitures, mais à l’incivilité des conducteurs qui bloquent circulation.
À Casablanca, c’est l’anarchie totale, surtout à l’approche d’el moghrab (rupture du jeûne). Les croyants deviennent dangereux et leurs voitures, motos, triporteurs, charrettes deviennent des armes de destruction massive potentielles. Il devient risqué de circuler à cette heure-ci. Aucune considération pour les piétons, les signalisations, les limites de vitesse!
Dieu, protégez-nous de tramedine et donnez-nous le courage de supporter les mramednine qui nous empêchent de vivre sereinement!