La Chambre criminelle du tribunal de Rabat vient de rendre son jugement en appel dans l’affaire d’un ancien ambassadeur et de son épouse, accusés de traite d’êtres humains. L’ancien diplomate, qui avait entre autres exercé en Hongrie, a vu sa peine initiale ramenée de 8 à 6 ans de prison ferme. La condamnation de son épouse à 6 mois avec sursis a pour sa part été confirmée.
C’est Al Akhbar qui rapporte les détails de ce jugement dans son édition du vendredi 3 mai, rappelant que le jugement en première instance avait été prononcé en novembre 2023, condamnant l’ancien diplomate de 87 ans à 8 ans de prison ferme et une amende de 20.000 dirhams. Il était poursuivi en état de détention pour traite d’êtres humains et détournement et exploitation sexuelle de jeunes filles mineures. Son épouse avait pour sa part été condamnée à six mois de prison avec sursis, pour non dénonciation d’un crime.
Le journal rappelle que cette affaire avait éclaté en avril 2023, lorsque les services de la police avaient ouvert une enquête sur le vol d’un téléphone portable, suite à une plainte déposée par l’ancien ambassadeur lui-même. Ce dernier dénonçait un vendeur de téléphone d’un marché de Rabat qui avait refusé de lui rendre le portable qu’il avait perdu quelques jours auparavant. Lors de l’enquête, l’accusé avait orienté les services de police vers une jeune fille qu’il soupçonnait d’être l’auteur du vol, sans préciser les circonstances dans lesquelles il avait eu lieu.
Entendue à son tour en présence de sa mère, la jeune fille mineure avait reconnu avoir volé le téléphone, avec la complicité d’autres jeunes filles. Elle a par la suite informé les enquêteurs que l’ancien diplomate les exploitait sexuellement et que le vol était motivé par la volonté des jeunes filles de faire disparaitre des vidéos compromettantes que contenait le téléphone.
Comme le précise Al Akhbar, les déclarations de la jeune fille ont constitué un virage important dans le cadre de cette affaire. Les enquêteurs ont alors entendu le diplomate, son épouse, des vendeurs de téléphone ainsi que cinq jeunes filles présumées victimes de l’octogénaire. Présenté à la justice, il a finalement été reconnu coupable de traite d’êtres humains et détournement et exploitation sexuelle de jeunes filles mineures.