Quand nous aurons nos Jeux olympiques…

Fouad Laroui.

ChroniqueTout cela me rappelle notre TGV. Dès l’annonce du projet, il y a une décennie, nos oiseaux de malheur s’étaient mis à couiner: ça ne marchera pas, il ne sera jamais rentable, les rames seront vides, etc.

Le 14/08/2024 à 11h04

Au cours des dernières années, nombreuses étaient les Cassandre qui prédisaient un fiasco total des Jeux olympiques de Paris. Ainsi, le 19 avril dernier, l’hebdomadaire de droite Valeurs Actuelles évoquait ‘les premiers couacs liés à l’organisation des JOP’, ‘un budget qui dépassera, sans doute, les 9 milliards d’euros contre 3,8 milliards initialement prévus’, des tickets ‘hors de prix’, ‘des questions sécuritaires’, ‘les touristes qui ont payé cher le voyage’, etc. D’autres titres, encore plus pessimistes, annonçaient des attentats terroristes -rien que ça. La gauche, quasi-unanime, tirait à boulets rouges contre un évènement sportif vu comme un gadget de Macron -alors que ce dernier n’avait rien à voir avec la candidature de la Ville lumière, posée en juin 2015, donc bien avant son accession au pouvoir. On nous ressortait la vieille antienne ‘panem et circenses’, comme si les JO n’avaient pour but que d’abrutir les masses.

Or, de l’avis de tous, les Jeux olympiques ont été un véritable succès. Passons sur la cérémonie d’ouverture, placée sous le slogan romantique ‘Paris, ville de l’amour’ et qui fut parfois critiquée pour son excès de ‘wokisme’: le fait est qu’elle fut plus admirée que détestée. En tout cas, les deux semaines qui suivirent furent un enchantement -et je ne parle pas seulement, en ce qui nous concerne, du succès d’El Bakkali ou du beau parcours de notre équipe de football.

Du point de vue économique, l’Office du tourisme de Paris nous a révélé hier que les Jeux ont attiré 11 millions de visiteurs au total. Beaucoup de pays, et non des moindres, n’attirent pas autant de gens pendant toute l’année! Dans les hôtels parisiens, le taux d’occupation a été de 84%, ce qui est exceptionnel. Et comme une bonne partie des clients venaient des États-Unis -les big spenders- les hôteliers se frottent aujourd’hui les mains. Selon les données de Visa, ces touristes ont dépensé, en moyenne, 20% de plus que d’habitude.

Pour ce qui est des transports, des oracles auto-proclamés annonçaient des métros et des trains bondés, à l’arrêt sur les voies, des voyageurs au bord de la crise de nerfs, des mouvements de foule. Eh bien, ce fut le contraire: la RATP et la SNCF ont fait du bon travail et ces Jeux ont été 100% accessibles en transport en commun.

Bref, tout cela me rappelle… notre TGV. Dès l’annonce du projet, il y a une décennie, nos oiseaux de malheur s’étaient mis à couiner: ça ne marchera pas, il ne sera jamais rentable, les rames seront vides, etc. On a vu le résultat, qui rend fiers tous les Marocains. (Un de mes amis a proposé en plaisantant au DG de l’ONCF d’interdire l’accès au TGV à tous ceux qui avaient passé des années à l’attaquer dans la presse…)

Bref, je ne sais pas si nous accueillerons un jour les Jeux olympiques. En tout cas, nous allons organiser la Coupe du monde de football en 2030, avec nos amis ibères -reconstituant ainsi Al Andalous, quelques semaines durant. La leçon des JO de Paris doit être retenue: travaillons sérieusement, travaillons avec méthode et tout ira bien.

Et surtout, écartons de notre chemin les oiseaux de mauvais augure. À prêter l’oreille à leur caquetage, on perdrait notre temps et on ne ferait jamais rien…

Par Fouad Laroui
Le 14/08/2024 à 11h04