Le meurtre a eu lieu le 29 août dernier, mais à ce jour, la famille Mchiouer est toujours sans nouvelles du sort du corps de son fils Abdelali, assassiné, au même titre que Bilal Kissi, par les garde-côtes algériens alors qu’ils s’étaient, avec deux autres proches, perdus en mer en territoire algérien, près de Saïdia. Mais alors que Bilal Kissi, dont le corps a été retrouvé par un pêcheur dans les eaux territoriales marocaines, a été enterré jeudi dernier à Bni Drar, près d’Oujda, la dépouille d’Abdelali Mchiouer est toujours aux mains de l’Algérie.
Dimanche 3 septembre, dans une première réaction officielle avouant le meurtre, le ministère algérien de la Défense précisait dans un communiqué que «le mercredi 30 août 2023 à 17h00, lors d’une autre patrouille des Garde-côtes, un cadavre de sexe masculin non identifié a été repêché, présentant un impact de balle par arme à feu». Le cadavre, d’Abdelali Mchiouer donc, a été transféré vers la morgue de la polyclinique de Marsa Ben M’hidi à Tlemcen.
Multipliant les démarches et autres appels pour récupérer le corps, les familles Mchiouer et Kissi affirment que c’est le seul moyen pour eux de faire le deuil de leur enfant. Il n’en fallait pas plus pour que les autorités algériennes, dépassées par l’ampleur internationale de ce crime, s’adonnent à toutes les formes de tergiversations, allant jusqu’à rançonner la famille.
Président du Club des avocats du Maroc, Me Mourad Elajouti affirme ainsi que les Mchiouer font l’objet d’une tentative d’extorsion. «Les autorités algériennes extorquent la famille du défunt Abdelali Mchiouer en demandant une grosse somme d’argent pour les frais de rapatriement et exigent la signature d’un document pour les empêcher d’engager des poursuites judiciaires ou une quelconque déclaration médiatique», écrit l’avocat sur Twitter.
Contactés par Le360, les proches des victimes confirment, précisant que la somme demandée est de 400.000 dirhams et que le document en question n’est autre qu’une décharge stipulant qu’Abdelali Mchiouer est mort noyé et non des suites des tirs de la marine algérienne. «Nous avons gardé le silence pour permettre à la famille de retrouver le corps de son enfant et l’inhumer, mais ce régime inhumain n’a pas de scrupule», ajoute Mourad Elajouti, qui a rencontré les familles des victimes le week-end passé.
Abdelali Mchiouer était âgé de 40 ans au moment du drame. Originaire d’Oujda, il est arrivé en France alors qu’il avait 10 ans. Détenteur d’une carte de séjour en France, il travaillait en tant que commerçant au marché de Montfermeil, à Seine-Saint-Denis. Il avait un enfant, Oussama, âgé d’à peine 5 ans. «Tout ce que nous voulons, c’est pouvoir récupérer son corps pour faire son deuil dignement. Les autorités algériennes tardent encore à réagir. En attendant, son père et sa mère sont dans un état de chagrin tel que leur propre vie est en jeu. Ils ne supportent pas de rester sans nouvelles de la dépouille de leur enfant et sont meurtris par le doute qu’entretient le voisin quant à la possibilité de son rapatriement», nous expliquait Hamad Kassi, un membre de la famille.