Propres, modernes et surveillées: les nouvelles toilettes publiques de Casablanca vues de l’intérieur

Nouvelles toilettes publiques de Casablanca à la place Nevada. (A.Ettahiry/Le360)

Le 14/09/2025 à 12h02

VidéoDepuis le 1er septembre 2025, Casablanca a inauguré une nouvelle génération de toilettes publiques. Longtemps attendues par les habitants après plusieurs projets restés sans suite, ces installations modernes marquent un tournant dans l’aménagement urbain. Entre cabines équipées et entretien permanent assuré par des agents spécialisés, elles suscitent curiosité et premiers témoignages. Reportage au cœur de ces nouveaux sanitaires qui entendent réconcilier la ville et ses usagers avec l’espace public.

De nouvelles toilettes publiques modernes viennent d’être installées au cœur de Casablanca. Après de multiples projets avortés et onéreux, les habitants n’y croyaient plus. Mais le 1er septembre, la ville a officiellement annoncé le déploiement d’une nouvelle génération de sanitaires urbains, gratuits et accessibles à tous, à l’issue d’une phase pilote consacrée à la sécurisation et au contrôle de la qualité du dispositif.

Sur la place Nevada, une cabine de 21 m² attire déjà de nombreux usagers. «De plus en plus de personnes affluent ici», témoigne un agent de propreté rencontré sur les lieux. «Tous les produits nécessaires sont mis à disposition afin d’assurer, après chaque passage, la propreté et l’hygiène des toilettes. Certaines personnes font attention, d’autres moins, mais nous exhortons les citoyens à préserver la propreté des lieux et à ne rien casser» nous a-t-il affirmé.

Au-delà de l’entretien, ces agents veillent également à la sécurité. «Notre mission est aussi de protéger les usagers. Si quelqu’un s’enferme par mégarde à l’intérieur, nous sommes là pour intervenir», ajoute-t-il. Contrairement à certaines rumeurs, aucun incident n’a été enregistré sur ce site. Selon une source de CasaBaia, les cas de vandalisme évoqués récemment par certains médias datent de janvier dernier et concernaient des quartiers comme Moulay Rachid, avant la mise en place du dispositif actuel.

Sur place, les premiers usagers affichent leur satisfaction. «Ces toilettes sont impeccables. C’est la première fois que je les utilise et j’ai été agréablement surprise», raconte une habitante, le sourire aux lèvres. D’autres soulignent le changement dans leur quotidien: «Avant, nous devions nous rabattre sur les cafés, ce qui n’était ni pratique ni confortable, surtout pour les femmes. Ici, c’est beaucoup plus simple et rassurant.»

Un autre citoyen abonde dans le même sens: «Ces toilettes publiques sont une bonne initiative, d’autant qu’il y a des agents chargés de les entretenir. Le Maroc s’apprête à accueillir de grands événements internationaux, nous devons être prêts et donner une image civilisée». Il appelle toutefois à davantage de civisme de la part des usagers: «Une fois, en entrant, j’ai constaté que la personne avant moi avait laissé les lieux sales. Je l’ai signalé à l’agente d’entretien, qui s’en plaignait elle aussi. J’ai attendu qu’elle termine son travail. Les usagers doivent considérer leur effort et faire preuve de respect.»

Du côté de la ville de Casablanca, on assume une stratégie progressive. «L’installation de ces blocs se fait étape par étape. Au départ, il s’agissait d’habituer les citoyens à ces équipements encore en phase de rodage. Cela a créé une sorte de mystère autour du projet… mais cela faisait partie de notre stratégie », confie une source proche du cabinet de la maire de Casablanca, Nabila Rmili.

À terme, le programme prévoit l’installation de 120 toilettes publiques dans la métropole. Pour l’heure, 32 blocs sont déjà opérationnels et 28 autres en cours de branchement. Ils sont implantés dans des zones stratégiques à forte affluence, comme Aïn Diab (Parc Dawliz), le boulevard Sour Jdid, Hay El Amal, le boulevard Mohammed Zefzaf, le jardin Alesco à Sidi Othmane ou encore la place des Nations Unies. Le budget consacré aux 60 premiers blocs s’élève à 11,5 millions de dirhams.

Ces nouveaux équipements se distinguent par leur modernité: ventilation, détecteurs d’incendie, éclairage adapté, ainsi qu’un nettoyage et une désinfection en continu assurés par des agents spécialisés. Chaque bloc est également doté de caméras de surveillance extérieures, dont les images sont transmises en temps réel à l’agence de propreté et de sécurité mandatée par CasaBaia, afin d’assurer un suivi permanent.

«Au départ, nous avions prévu un seul agent par jour, mais nous avons finalement instauré deux shifts quotidiens», précise la même source. Aujourd’hui, 64 femmes de ménage assurent l’entretien des 32 blocs déjà en service.

À terme, la ville de Casablanca prévoit de porter ce dispositif à 120 blocs répartis sur l’ensemble du territoire urbain, un projet ambitieux qui devra encore convaincre les habitants les plus sceptiques.

Par Qods Chabâa et Abderrahim Ettahiry
Le 14/09/2025 à 12h02