La chambre criminelle spécialisée en matière de crimes financiers près la cour d’appel de Fès a rendu, mercredi 17 septembre, un jugement sévère à l’encontre d’anciens cadres de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) de Fès-Boulemane et de deux entrepreneurs. Ces derniers étaient poursuivis pour détournement et dilapidation de deniers publics affectés au financement du Programme d’urgence de l’enseignement, rapporte Al Akhbar dans son édition du vendredi 19 septembre.
Dans le détail de cette décision de justice, le tribunal a condamné à deux ans de prison ferme deux anciens directeurs de l’académie, un chef de service du budget, un chef de service des affaires éducatives, ainsi que le gérant d’une société de matériel didactique et son épouse. Deux membres de la commission technique ont, quant à eux, écopé d’un an de prison ferme.
Le tribunal a prononcé l’acquittement pour tous les anciens délégués provinciaux de l’Éducation nationale et les membres des commissions provinciales mis en cause. Les chefs d’inculpation retenus contre les prévenus comprenaient le détournement de fonds, la dilapidation de l’argent public et la falsification de documents officiels. Cette enquête, diligentée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), fait suite à la révélation de dysfonctionnements majeurs dans la gestion des crédits s’élevant à 43 milliards de dirhams alloués au Programme d’urgence.
La Cour des comptes avait initialement relevé des irrégularités dans pas moins de dix marchés publics relatifs à l’importation de matériel pédagogique. L’instruction a mis en lumière que l’AREF de Fès-Boulemane avait conclu des contrats avec deux sociétés appartenant à un même couple, déjà condamnés auparavant à deux ans de prison ferme par le tribunal des crimes financiers de Marrakech pour des faits similaires au sein de l’Académie de la région Souss-Massa.
Les investigations ont également démontré que le matériel éducatif et les laboratoires mobiles livrés étaient totalement inadaptés à un usage pédagogique et non conformes aux normes de qualité pourtant explicitement stipulées dans les cahiers des charges, relaie Al Akhbar. Au cours du procès, l’AREF de Fès-Boulemane s’est constituée partie civile. Par l’intermédiaire de ses avocats, elle a exigé la réparation de son préjudice moral, évalué à un million de dirhams, ainsi que le remboursement intégral des sommes détournées, qu’elle estime à plus de 6,37 millions de dirhams.








