Nouveau rebondissement dans l’affaire du Dr Tazi, le chirurgien plasticien. Une employée du service de comptabilité de sa clinique reconnaît l’existence de pratiques de surfacturation, mais tente néanmoins de blanchir le chirurgien, actuellement en détention préventive.
D’après le quotidien Assabah, qui revient sur l’évolution de ce procès dans son numéro du week-end des 7 et 8 octobre, l’employée, elle aussi en détention préventive, a confirmé devant le juge jeudi dernier toutes les informations relatives à la clinique contenues dans un rapport de la CNSS.
Oui, avoue-t-elle, elle a bien facturé des actes chirurgicaux et des prestations de soins à des tarifs bien supérieurs à ceux établis par la Caisse. Mais elle faisait cela sur ordre du directeur de la clinique, le frère du docteur Tazi, et de l’épouse de ce dernier.
Pendant cette audience du jeudi, relate le quotidien, le président de l’instance collégiale a appelé à la barre l’employée du service de comptabilité et l’a confrontée aux déclarations des témoins notifiées dans le PV du juge d’instruction, aux enregistrements des communications et aux photos des anciens patients de la clinique utilisées pour collecter des fonds.
D’après le quotidien, le juge a également exposé des PV de relevés de la messagerie de l’épouse du Dr Tazi ainsi que la transcription des ordres de cette dernière de gonfler les factures des patients réglées par des donateurs. Entre autres situations exposées par le juge, la tentative d’extorsion de fonds dont a été victime la fille du chef du gouvernement. L’intermédiaire dans cette affaire, une militante associative également en détention préventive, avait pris attache avec les services sociaux du Groupe Akwa, pour leur proposer de prendre en charge l’opération d’un enfant. La fille du chef du gouvernement a effectivement réglé la moitié de la facture des soins du petit garçon. Ce qui n’a pas empêché la militante associative d’exposer le même cas à d’autres bienfaiteurs potentiels pour collecter davantage de dons.
Selon Assabah, l’intermédiaire jouit d’une position particulière au sein de la clinique et auprès de l’épouse du Dr Tazi. Cette dernière lui a même proposé d’augmenter sa commission de 10% à 20% de la valeur des dons collectés.
Docteur Tazi, rappelle le quotidien, est poursuivi devant la Chambre pénale de première instance près la Cour d’appel de Casablanca. Le chirurgien plasticien et ses complices doivent répondre de plusieurs chefs d’inculpation. Ils sont accusés d’escroquerie, de falsification de documents comptables et de dossiers médicaux, de traite d’êtres humains mais aussi de constitution de bande criminelle. L’affaire avait éclaté en avril 2022 lorsque l’un des bienfaiteurs a déposé plainte devant le parquet après avoir découvert des manipulations financières. Depuis, les prévenus ont été placés en détention provisoire à la prison d’Oukacha.