En dépit des efforts déployés par le gouvernement et les associations, d’énormes défis restent à relever dans la lutte contre la discrimination à l’égard des femmes. Une journée d’étude sur le thème : "L'égalité des genres: quelle approche à la lumière des mutations actuelles?" organisée sous l’égide du centre "Ichaâ des études islamiques" en partenariat avec le ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, a été l’occasion de se pencher intellectuellement et spirituellement sur toute forme de ségrégation au nom du religieux.
Si Einstein disait qu’il était plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé, cela est particulièrement avéré compte tenu des inégalités et discriminations faites aux femmes au nom de l'Islam ou plutôt de sa mauvaise interprétation. Une journée de débats a été l’occasion pour une dizaine de participants de discuter le caractère intrinsèquement ségrégationniste et sexiste de l’interprétation de la Chariaa dans les rangs de certains muftis et la représentation négative des femmes à travers leurs discours.
Face à ce constat, le ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a fortement recommandé la nécessité de mettre en place une assise scientifique pour lutter contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, dans le cadre d'une spécificité culturelle, instituée par la Constitution marocaine. La création de cette instance est principalement motivée par le besoin urgent d’un discours alternatif, capable de pallier les lacunes d’un discours islamique, très réducteur et trop souvent vidé de toute substance.
La conseillère chargée des affaires de la femme au ministère, Fatima Zahra Baba Ahmed, a émis le souhait de promouvoir les droits conférés aux femmes à partir des sources scripturaires et textes sacrés, contestant certaines idées attribuées à la religion qui n'ont en réalité aucun lien avec le système des droits institués par la Charia. "Malheureusement, les droits des femmes garantis par la législation musulmane ont été bafoués, à travers l'histoire, au nom de l'Islam, à cause de l'incompréhension des principes de la religion et la distorsion de ses finalités". A- t-elle indiqué.
Insistant sur l'importance de la recherche scientifique pour contribuer et aider à la mise en œuvre des principes d'une égalité des genres, le directeur de Dar Al Hadith Al Hassania, Ahmed El Khamlichi, a pour sa part déploré l'anarchie qui règne dans l'explication des principes de la charia et recommandé aux chercheurs d’étudier et analyser les textes coraniques pour une meilleure compréhension et une application optimale de leurs principes, puisant leurs fondements dans une spiritualité musulmane juste et égalitaire. Toutefois, la mise en œuvre de cette instance n’est pas pour demain vu les résistances constatées.
