Le secteur de la santé dans la province de Berrechid traverse une crise profonde, marquée par un manque criant de ressources humaines et une pénurie d’équipements médicaux spécialisés.
Le centre hospitalier régional, pivot du système de soins local, souffre particulièrement dans le service de maternité, où l’absence d’obstétriciens qualifiés entraîne un fonctionnement pour le moins désastreux, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 17 septembre.
Actuellement, le service ne compte qu’une seule médecin, récemment nommée, et des sages-femmes, pour assurer les soins.
Cette configuration fragile expose les patientes à des risques accrus, notamment en cas d’hémorragie ou de complications post-maternelles.
Face à ces lacunes, l’administration de l’hôpital est contrainte d’orienter la majorité des patientes vers les villes voisines, telles que Settat ou Casablanca, aggravant ainsi la surcharge du centre et fragilisant davantage le système de soins local, a-t-on lu.
Le déficit touche presque toutes les spécialités, en particulier l’anesthésie, où une seule médecin assure toutes les interventions, mettant en danger la prise en charge des cas critiques, comme les arrêts cardiaques.
Ce constat, alarmant, n’est pas nouveau.
En 2023, l’ancien ministre de la Santé avait confirmé devant le Parlement que le service de gynécologie-obstétrique disposait de 13 lits, mais souffrait d’un manque, chronique, de spécialistes, conséquence du départ de plusieurs médecins, rappelle Al Akhbar.
La pénurie du personnel affecte directement la qualité des soins, malgré l’engagement et les efforts du personnel en place.
Les cas obstétricaux complexes sont, de facto, dirigés vers le CHU de Casablanca, soulignant l’incapacité du centre local à traiter certaines urgences.
À cette situation, dramatique, s’ajoute l’abandon d’un projet phare: le centre de diagnostic multidisciplinaire, censé opérer en clinique de jour.
Initié il y a plusieurs années, ce projet avait pour objectif d’augmenter la capacité d’accueil de l’hôpital régional.
Il reposait sur une convention de partenariat impliquant le Conseil régional de Chaouia-Ouardigha, le Conseil provincial de Berrechid, la commune de Berrechid, la délégation provinciale de la santé et une entreprise privée, a-t-on encore pu lire.
Le projet bénéficiait d’un financement mixte: 7 millions de dirhams alloués par le Conseil régional, 2,9 millions par le Conseil provincial, 5 millions de dirhams par un mécène privé, ainsi que des ressources humaines fournies par le ministère de la Santé.
Malgré ce montage ambitieux, les travaux se sont arrêtés quelques jours seulement après le début du chantier, écrit Al Akhbar.
La raison: le manque de liquidités pour régler le prestataire, révélant que le projet n’avait jamais disposé d’un financement solide et pérenne.
Cette interruption soulève de nombreuses questions sur la planification initiale et l’utilisation politique du projet, qui a été instrumentalisé à des fins électorales tout en laissant derrière lui des infrastructures inachevées et un paysage urbain dégradé.
Aujourd’hui, la population et les associations locales dénoncent cette situation comme un double échec.
Celui de la gestion de l’hôpital et celui de la gouvernance des projets de santé.
L’avenir de la santé à Berrechid dépend désormais d’une prise de décision urgente, à la fois pour combler les postes vacants et relancer les projets suspendus, afin d’éviter que la province ne devienne, elle aussi, le symbole d’une santé publique en état de blocage.









