Parmi les sites démolis figure un ensemble de dépôts appartenant à Mohamed Kotrab, ancien président de la commune d’Ouled Azzouz, destitué en août 2024 à la suite de rapports accablants de l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT). Ces rapports avaient révélé de graves dysfonctionnements dans la gestion communale, ainsi que des irrégularités liées à l’octroi d’autorisations et à l’accaparement illégal de terrains agricoles.
Selon une source de la préfecture de Nouaceur, les entrepôts démolis avaient été érigés en violation totale des règles d’urbanisme, sur des terrains classés agricoles et non destinés à des activités industrielles. L’ancien élu aurait contourné la loi en déclarant initialement son projet comme des étables destinées à l’élevage du bétail, avant de les transformer en entrepôts servant à des activités commerciales et lucratives.
«Ces constructions n’ont jamais bénéficié d’autorisations légales. Elles représentaient un précédent dangereux et une atteinte manifeste au domaine public», précise une source locale, soulignant que l’opération s’est déroulée dans le strict respect des dispositions de la loi 66.12 relative au contrôle et à la répression des infractions en matière d’urbanisme et de construction.
Une intervention tendue, mais maîtrisée
L’opération, conduite sous la supervision directe du gouverneur de Nouaceur, Jalal Benhayoun, a mobilisé d’importants moyens techniques et sécuritaires. Les équipes ont dû faire face à la résistance de l’ancien président de la commune, qui a tenté pendant plusieurs heures d’empêcher la démolition en montant sur le toit de son dépôt et en menaçant de s’immoler par le feu. Les forces de l’ordre sont finalement parvenues à le raisonner et à sécuriser les lieux, permettant ainsi la poursuite des travaux, qui se sont étendus jusque tard dans la nuit du lundi au mardi.
Malgré cette tension, les bulldozers ont pu opérer dans des conditions normales, sous la supervision d’une commission spécialisée. Contrairement aux informations relayées par certains médias, les constats sur le terrain confirment l’illégalité manifeste de ces constructions, installées sans permis ni conformité aux normes de sécurité, assure une source à la province de Nouaceur.
À ce jour, plus de 500 entrepôts illégaux ont été démolis sur l’ensemble du territoire de Nouaceur, dont 132 à Ouled Azzouz seulement. Parmi eux, 14 appartenaient à l’ancien président de la commune. Ces chiffres traduisent l’ampleur de la campagne engagée par les autorités pour éradiquer le bâti anarchique et restaurer la crédibilité de l’action publique.
Cette opération ne vise pas des personnes en particulier, assurent les autorités provinciales, mais s’inscrit dans une politique globale de mise en conformité urbaine et de préservation du foncier public. Elle s’accompagne d’un vaste programme d’aménagement de zones industrielles et logistiques intégrées, destinées à accueillir les activités économiques dans un cadre légal et respectueux de l’environnement.
L’affaire Kotrab illustre les dérives d’un système longtemps marqué par le laxisme et les passe-droits. Parti d’un modeste niveau d’instruction, l’ancien président s’est bâti une fortune considérable grâce à l’exploitation illégale de biens communaux et à la location d’entrepôts non autorisés. Son parcours incarne, selon plusieurs observateurs, les excès d’une époque désormais révolue, où l’enrichissement personnel prévalait sur la légalité et l’intérêt général.
«Le message est clair: la loi prime sur tout. Il n’est plus tolérable de transformer le désordre urbain en source de profit», commente un responsable local.
Les autorités de Nouaceur affirment que la campagne de démolition se poursuivra «à un rythme soutenu» jusqu’à l’éradication complète des constructions illégales. L’ère du laxisme est bel et bien révolue. À Ouled Azzouz comme ailleurs, la loi reprend ses droits.







