Non loin de Tanger, la récente mort, hautement suspecte, de dizaines d’oiseaux migrateurs dans la réserve naturelle de Tahaddart, située juste à côté de la décharge publique d’El Manzala, fait s’interroger les autorités locales et des écologistes. Dépêchés sur les lieux, ils enquêtent actuellement sur ce qui aurait pu causer ces décès brutaux, et sur le fait de savoir si ceux-ci sont liés à des sources de pollution causées par cette décharge.
Selon Al Akhbar de ce mercredi 27 mars 2024, les cadavres des oiseaux migrateurs ont été retrouvés la semaine dernière dans cette réserve. Entre-temps, une commission multidisciplinaire a été désignée, et ses membres ont été chargés de s’y rendre, afin de constater de près la mort de ces oiseaux et de tenter de découvrir ce qui leur est vraiment arrivé.
L’une des questions à laquelle tentent de répondre les membres de cette commission est la suivante: des produits ou des insecticides interdits ont-ils été utilisés dans cette décharge, afin d’étouffer les odeurs nauséabondes qui s’en dégagent?
D’autres questions se posent aussi à eux, sur de possibles fuites de produits toxiques, depuis cette même décharge, vers les étendues d’eau situées à proximité, déjà connues pour être fréquentées par ces oiseaux qui ont pour coutume de s’y désaltérer.
Le quotidien précise que cette affaire est particulièrement problématique d’un point de vue environnemental, car les oiseaux migrateurs morts la semaine dernière ont parcouru des milliers de kilomètres pour se rendre à Tanger.
Ils ont pour habitude de séjourner dans la réserve naturelle de Tahaddart, une des escales incontournables de ces grands voyageurs qui, tout au long de l’année, poursuivent leur périple transafricain, parfois intercontinental.
Selon des interlocuteurs interrogés par Al Akhbar, la décharge d’El Manzala devient problématique, et ses nuisances ont déjà poussé plusieurs familles qui vivaient à proximité à déménager, pour s’établir ailleurs.
D’autres personnes interrogées par le quotidien témoignent du fait qu’il y a récemment eu, dans cette décharge, une fuite de lixiviat, du liquide contaminé résultant du passage d’eau au travers de déchets enfouis, ou stockés.
Certains redoutent que cette pollution, hautement toxique, n’ait atteint la réserve naturelle située à proximité, mettant en danger son biotope et son écosystème.
Il faudra encore attendre les conclusions des membres de la commission multidisciplinaire, pour connaître la (ou les) cause(s) précise(s) du décès brutal de ces oiseaux.
Al Akhbar rappelle à cet égard toute l’importance de la réserve naturelle de Tahaddart, véritable source d’oxygène pour la région.
Jusque dans les années 80, sur une superficie à l’origine de 14.000 hectares, la faune de cette réserve arborée était composée d’innombrables espèces d’oiseaux et de poissons, qui ont, ces dernières années, pâti des effets de la déforestation.
La superficie de la réserve naturelle s’est donc retrouvée amoindrie, puisqu’une importante quantité d’arbres a été coupée, ce qui a de facto causé la disparition de certaines espèces d’oiseaux.
À cette situation, s’ajoutent les effets délétères de la présence toute proche de la décharge d’El Manzala, dont les odeurs pestilentielles se font fortement ressentir, au cœur même de la réserve naturelle de Tahaddart.