Mort d’Ahmed Zaidi: le récit de l’un des témoins

Brahim Taougar

Revue de presseKiosque360. Mohamed Khalladi a été l’un des premiers sur les lieux du drame, et a plongé pour tenter de sauver l’homme politique. Son récit est édifiant.

Le 18/11/2014 à 20h45

Mohamed Khalladi, soudeur de son état, a été l’un des premiers à plonger dans les profondeurs de l’eau boueuse pour essayer de sauver Ahmed Zaidi. Après des jours de deuil, Mohamed Khalladi a révélé que feu Ahmed Zaidi est mort dans son véhicule et que son corps en a été sorti inerte par des jeunes gens, alors que les membres de la Protection civile attendaient sans rien faire l’arrivée tardive du secouriste plongeur.

Le témoin du drame confie dans les colonnes d’Al Akhbar, qu’il était en train de se balader avec un ami fonctionnaire dans la commune Cherrat quand Ahmed Zaidi a appelé ce dernier pour voler à son secours. Il lui a demandé d'amener une dépanneuse et de faire vite, car il risquait de se noyer sous un pont. Avec l’aide d’une troisième personne, ils essayèrent de localiser le véhicule. Ils inspectèrent tous les ponts de la commune sans en trouver la trace.

Une eau glaciale et boueuse

Sur la base de témoignages, Mohamed Khalladi décide de plonger dans la mare sous un pont. « Nous ne savions pas la profondeur de la mare, mais j’ai décidé de plonger car je suis un professionnel de la natation et de la plongée. J’ai déjà travaillé durant plusieurs années comme maître-nageur à la plage et à la piscine de Mohammedia et à Bouznika », confie Mohamed Khalladi à Al Akhbar. Dans une eau boueuse où la visibilité est presque nulle, il réussit à localiser le véhicule. Après une remontée à la surface pour faire le plein d’oxygène et pour lutter contre le froid glacial des eaux, il replonge et tâte la nuque du défunt à la recherche d’un pouls, après être entré par une fenêtre laissée ouverte. Aucun signe de vie.

Après une seconde remontée, il replonge et vérifie qu’il ne peut plus rien faire pour sauver Ahmed Zaidi. Sa tentative de sortir le corps par la fenêtre ouverte échoue en raison de son exiguïté. Le défunt avait le torse au niveau des sièges arrière, il avait ouvert ladite fenêtre pour sortir, ce qui a eu pour résultat le déferlement de l’eau dans le véhicule.

Mohamed Khalladi déplore le manque de professionnalisme des membres de la Protection civile, qui ont fait appel à lui pour attacher la corde qui a servie à sortir le véhicule des eaux. Ce sont finalement des jeunes volontaires de la commune qui ont cassé les vitres pour sortir le défunt de sa voiture. « A mon avis, ce sont les infrastructures qui ont causé la mort d’Ahmed Zaidi et celui qui a volé des pièces de la pompe servant à évacuer les eaux de pluies a contribué à la mort du défunt », déplore Mohamed Khalladi.

Les hommes meurent, les idées restent

Sportif assidu, Mohamed a longtemps pratiqué la natation et le foot en tant que gardien de but des jeunes du Chabab de Mohammedia. Quelques années plus tard, il rejoint les rangs de l’Olympique de Bouznika comme gardien titulaire et commence à travailler dans un atelier de ferronnerie. En 1997, il ouvre sa propre affaire de soudure. Mohamed Khalladi, très réservé, aux fréquentations peu nombreuses, a été fortement affecté par la mort du député socialiste. Il se rappelle avec nostalgie comment cet homme s’est dressé contre la falsification des élections législatives à Bouznika et comment il a mobilisé la population afin de les invalider. En ce sens, Ahmed Zaidi n’est pas mort. Il laisse derrière lui des choses immatérielles et immortelles, des idées et des principes.

Par Amine Haddadi
Le 18/11/2014 à 20h45