D’aucuns croyaient enterrée la hache de guerre entre médecins et pharmaciens au sujet du droit de substitution, soit du pouvoir de remplacer légalement un médicament prescrit par un médecin par un autre médicament, la substitution devant se faire au sein d’un même groupe générique et avec un médicament aux mêmes propriétés. Mais une proposition de loi émise par le groupe istiqlalien à la Chambre des représentants pour accorder ce droit aux pharmaciens, modifiant ainsi le code du médicament et de la pharmacie au Maroc, est venue remettre le feu à la poudrière.
La mesure est censée faciliter le travail des pharmaciens qui, quand le traitement prescrit n’est pas disponible, peuvent ainsi assurer l’accès des patients à leur traitement en proposant des médicaments, notamment génériques, au coût plus abordable. La proposition de loi, souligne Al Massae dans son édition du mercredi 20 mai, est d’ailleurs claire à cet égard. Ce droit ne peut être mis en avant qu’en cas d’indisponibilité du médicament prescrit en officine et chez les distributeurs. Il doit suivre le même protocole (mode d’administration, nombre de prises…) et son prix ne peut être supérieur à la référence de base indiquée par le médecin.
Dans des cas d’urgence, un tel recours peut s’avérer salvateur, indique le groupe istiqlalien. Mais les médecins ne l’entendent pas de cette oreille. Et la législation actuelle, ainsi que les procédures d’assurance maladie et de remboursement des médicaments, ne permettent pas une telle parade au Maroc.
De leur côté, les médecins freinent des quatre fers face à la mise en place d’un tel dispositif. L’argument mis en avant n’est autre que le risque d’erreur. La coordination nationale des médecins généralistes du secteur privé est d’ailleurs montée au créneau pour alerter, dans un communiqué, quant à ce risque, en réponse à une correspondance envoyée par les pharmaciens au ministre de la Santé et plaidant pour ce droit de substitution.
Le bras de fer se poursuit donc entre les deux parties et nul ne sait encore qui va l’emporter. A noter que, dans des pays comme la France, le droit de substitution est en vigueur depuis longtemps.