Alors que dans certains pays, l’esprit des fêtes de fin d’année plane dans les rues sous la lumière diffuse des guirlandes lumineuses qui parent les avenues et les vitrines des magasins, et qu’un peu partout dans les villes se ressent la magie de Noël, au Maroc, c’est la magie du football qui opère. En guise de décorations, des guirlandes aux couleurs des drapeaux africains, du rouge et du vert, les couleurs du Maroc mais aussi de Noël, déclinés en une panoplie d’accessoires.
Cette fin d’année n’est pas sans nous rappeler un certain décembre 2022, lorsque les Lions de l’Atlas ont créé la surprise lors de la Coupe du monde au Qatar et que le monde entier a salué le succès de l’équipe marocaine mais aussi et surtout ses belles valeurs: le courage, l’audace, la force, la cohésion, la foi et bien sûr l’esprit de famille. Trois ans après la Coupe du monde au Qatar qui a accompagné notre transition dans l’année à venir, regonflés à bloc après tant de belles victoires, c’est cette fois-ci la CAN qui marque cette importante étape et nous procure les mêmes émotions.
Electrisés par cette énergie propre au football et après avoir goûté à la satisfaction de tant de victoires, on en redemande, encore et encore car on s’habitue vite aux premières places, à l’or et à l’excellence. Et gare à celui qui nous priverait de cette nouvelle drogue ultra addictive.
Cerise sur le gâteau, les réseaux sociaux se sont transformés en véritables agences du tourisme marocain et les influenceurs africains, venus du monde entier, en ambassadeurs. Rabat décroche assurément la palme d’or de la ville la plus belle, propre et moderne. Sans surprise dirons-nous, car elle a le même effet sur nous autres qui n’y vivons pas non plus. Une fois n’est pas coutume, Casablanca a aussi droit à son lot de compliments, avec ses larges avenues bordées de tours aussi modernes que futuristes, son ancienne médina où chaque mur aux couleurs du Wydad raconte l’amour que porte cette ville au football. Même topo à Tanger, Marrakech, Fès et Agadir.
Les infrastructures hôtelières, la restauration, Al Boraq, les tramways, les gares, les bus connectés, sans oublier le travail des forces sécuritaires devenues les stars des réseaux sociaux, le goût du thé à la menthe, le ciel qui paraît plus bleu qu’ailleurs, les baguettes vendues dans des sachets en papier (apparemment ce n’est pas le cas ailleurs), le sfenj et le msemen qui font des émules… Du nord au sud, le Maroc se dévoile dans toute sa modernité, mais aussi ses traditions et suscite l’admiration. À cela s’ajoutent ces valeurs marocaines qui font la renommée de notre pays depuis des siècles et des siècles, cette gentillesse spontanée, cette hospitalité sans faille, cette ferveur footballistique. La chose prend encore plus d’ampleur quand la gastronomie achève de mettre tout le monde d’accord. Fort heureusement, on évite les sujets qui fâchent et le khawatisme rose bonbon scandé dans les rues et les stades a «presque» fait oublier les rivalités politiques qui s’exprimaient hier encore dans l’hémicycle de l’UNESCO. Les voies du football sont impénétrables…
Face à tant de beaux sentiments qui nous remontent le moral à bloc, on en oublie qu’hier encore, on pestait dans les embouteillages liés à ces vastes chantiers entrepris à travers le Royaume ces dernières années. On en récolte enfin les fruits, on en admire le résultat et on se dit que tout cela en valait bien la peine et qu’on est fins prêts pour la Coupe du monde. Oubliées aussi les incivilités, les imperfections qui nous minent, les retards qui nous plombent... Le football a cela de magique qu’il nous rend aussi plus polis et que bienveillants les uns envers les autres. Animés par cette même ferveur populaire, on se serre les coudes, on fait bloc et on fait revivre cet esprit de fraternité qui nous soude.
Une ombre au tableau toutefois, immense, celle du deuil que nous portons à la suite des inondations qui ont coûté la vie à 37 personnes à Safi. Conséquence d’un épisode climatique amplifié certes, mais aussi de l’avis des experts, de l’inadaptation des infrastructures urbaines et d’un manque d’entretien du réseau d’assainissement. Si Safi fait aujourd’hui l’objet de toutes les attentions afin d’éviter que cette catastrophe ne se réitère et qu’un programme de réhabilitation et de consolidation a été lancé sur hautes instructions royales, on ne peut qu’espérer que ce Maroc de la modernité aujourd’hui célébré à travers le football soit le lot de tous. Car après avoir atteint un tel degré d’excellence, incarné notamment par les pelouses de nos stades qui résistent à des pluies diluviennes grâce à une technologie de pointe, on ne saurait souffrir davantage un Maroc à deux vitesses, séparé par un fossé que les changements climatiques ne feront qu’accentuer.
Alors, comme une piqûre de rappel des incroyables talents et compétences dont nous disposons pour aller de l’avant, cette CAN ne pouvait pas mieux tomber qu’en cette fin d’année porteuse d’espérances et de nouvelles ambitions. Elle nous apporte la preuve, relayée par la voix de tous ces supporteurs africains, que le Maroc n’a rien à envier et qu’il est indéniablement sur la bonne voie. Certes, un sacre des Lions de l’Atlas serait la consécration finale, mais à mi-chemin de la compétition, force est de constater que le Maroc a déjà gagné beaucoup plus.







