Dans sa dernière livraison, le magazine Al Aan publie un reportage de quatre pages au coeur de Derb Omar ou, comme il le qualifie, “Derb souassa”, un quartier commerçant qui accueille 2.300 commerçants, grossistes ou détaillants, originaires pour la plupart de la région du Souss. Le magazine écrit que l'importance de Derb Omar apparaît quand les commerces qu'il abrite sont fermés, notamment à l'occasion l'Aïd Al-Adha, qui coïncide avec le congé annuel de gens du Souss qui rentrent au bled.
Al Aan s'intéresse aussi à la valeur de solidarité mutuelle chez les gens du Sud. Un “ould lblad”, qui arrive les poches vides à Casablanca, est épaulé jusqu'à ce qu'il acquière son propre capital. Le magazine rapporte l'exemple de cet homme qui a débarqué fauché de Oulad Taïma dans les années 80. Soutenu par les siens, il a commencé comme aide-commerçant, avant d'assurer la gestion d'une crémerie et de finalement s'installer à son compte.
Mais la culture de solidarité chez les Soussis se base aussi et surtout sur des valeurs comme la confiance, ajoute le magazine en citant des passages d'un ouvrage du chercheur amazigh Omar Amarir sur ces self-made men. C'est pour cette raison qu'un commerçant soussi est capable de confier un commerce qui vaut des millions à son associé. Il suffit juste d'un agenda comportant l'inventaire des marchandises et de deux témoins. Nul besoin d'un contrat ou d'un engagement, le seul gage est le sérieux et la droiture qui caractérisent généralement le commerçant soussi “agharass...agharass”.
Al Aan rapporte les success-stories de ces commerçants autodicates qui ne doivent leur assension qu'à leurs efforts et leur intelligence. Parmi eux, Haj Aabed Soussi, un homme qui a quitté Tafraoute vers la fin du XIXe siècle et qui est devenu l'un des hommes les plus riches du Maroc. Deux autres figures soussies, à savoir Ahmed Oulhaj Akhannouch, père de l'actuel ministre de l'Agriculture, et son gendre et associé Ahmed Wakrim, sont cités par le magazine comme des exemple de réussite.