Les musulmans d'Irak à l'EIIL: "Nous sommes tous chrétiens"

La solidarité de la population irakienne n'aura malheureusement pas pu empêcher les djihadistes de jeter les chrétiens, chasser de chez eux, sur les voies de la terreur et de l'exil. Ici, des familles qui ont fui Mossoul se sont réfugiées dans une église d'Erbil. 

La solidarité de la population irakienne n'aura malheureusement pas pu empêcher les djihadistes de jeter les chrétiens, chasser de chez eux, sur les voies de la terreur et de l'exil. Ici, des familles qui ont fui Mossoul se sont réfugiées dans une église d'Erbil.  . Laurent Van Der Stockt/Le Monde

"Nous sommes tous chrétiens": telle a été la réponse de la population irakienne à l'EIIL qui a entrepris de chasser les chrétiens de chez eux, notamment à Mossoul.

Le 26/07/2014 à 21h30

"Nous sommes tous chrétiens": telle a été la réponse de la population irakienne à l'EIIL qui a entrepris de chasser les chrétiens de chez eux, notamment à Mossoul. Les musulmans d'Irak qui ont rejoint, la semaine passée, leurs compatriotes dans les églises et ont tenté de s'interposer entre eux et les djihadistes, ont en effet brandi des pancartes portant cette inscription, portée aussi sur les murs des maisons marquées par l'Etat islamique d'un "N" rouge pour "Nazaréen". Mais la solidarité de la population qui a revendiqué, ainsi, une identité irakienne riche de sa diversité qui ne saurait supporter ces clivages, n'a pu empêcher l'expulsion des chrétiens de Mossoul, qui avaient d'ailleurs déjà commencé à quitter la ville début juin, lorque l'Etat Islamique s'en est emparé. Mais, le 16 juillet, la situation tourne au cauchemar: les chrétiens ont deux jours pour se convertir à l'islam ou quitter les lieux, sous peine de mort. Une alternative: payer une taxe qui leur permettrait de rester chez eux.

Le calvaire des chrétiens de Mossoul

Mossoul s'est vidée de ses chrétiens. Le Monde rapporte des témoignages de cette population qui a dû prendre la fuite. Les combattants de l'Etat islamique les ont dépouillés de tous leurs biens, à la sortie de la ville, ne leur laissant que les vêtéments qu'ils avaient sur le dos. "Ils ont pris l'argent, les bijoux, les téléphones, et même les sacs de vêtements et de nourriture", a ainsi confié un homme au journaliste du média français. Beaucoup ont rejoint à pied ou, parfois, en bus, les voitures ayant été souvent confisquées aussi, le checkpoint kurde où veillent les djihadistes: "Nous sommes partis parmi les derniers, à bord d'un minibus. Nous étions douze chrétiens, et dix musulmans. Au checkpoint, un combattant a ordonné aux chrétiens de lui donner argent, téléphones et sacs. Les musulmans aussi avaient peur. Le type qui est entré dans le bus nous a dit que nous devrions être contents qu'ils nous laissent partir comme ça", rapporte au journal Le Monde un autre témoin.Sur ce chemin vers nulle part, les familles ont trouvé refuge dans des églises, notamment à Erbil. Vers où vont-ils? Ils ne le savent pas. Il n'y a que cette douleur, pour l'instant, d'avoir été décrétés étrangers sur leur propre terre, et la nostalgie, vivace, de cette terre où il faisait bon vivre ensemble, où ils vivaient "bien ensemble, musulmans et chrétiens". 

Par Bouthaina Azami
Le 26/07/2014 à 21h30