Les gérants des stations-services dénoncent un réseau parallèle de vente des hydrocarbures. «Les membres de ce réseau se fournissent directement auprès des distributeurs et revendent leur marchandise sur le marché noir, réalisant ainsi d’énormes bénéfices», rapporte le quotidien Assabah dans son édition du lundi 20 février.
Leurs clients, poursuit le quotidien, se comptent aussi bien parmi les professionnels du transport que parmi les particuliers. Les membres du réseau possèdent leurs propres dépôts de gasoil et de l’essence, produits qu’ils vendent à des prix inférieurs à ceux pratiqués par les stations-services sur le marché organisé.
Et en vendant leur carburant moins cher, les membres de ce réseau arrivent à faire des marges de bénéfice allant de 50 centimes et 1,5 dirham le litre, alors que la marge bénéficiaire des stations-services ne dépasse pas 40 centimes.
L’association des gérants des stations-services n’hésite pas à lancer un cri d’alarme. D’abord, dit-elle, parce qu’il s’agit de concurrence déloyale. Ensuite, parce que c’est une question de sécurité publique. Des quantités importantes du carburant, relève-t-elle, sont transportées dans des conditions ne respectant pas les normes de sécurité et entreposées dans des dépôts clandestins qui échappent au contrôle du ministère de tutelle.
D’ailleurs, note le quotidien, le Conseil de la concurrence a déjà alerté sur le fait que l’existence de ce genre de pratiques est de nature à altérer l’équilibre du marché. Le quotidien est même allé jusqu’à accuser certains distributeurs de fournir ces intrus dans le domaine en carburant à des tarifs nettement inférieurs à ceux facturés aux stations-services.
Bien sûr, souligne le quotidien, la loi interdit à toute partie de revendre le carburant sans avoir obtenu pour cela une autorisation en bonne et due forme. De ce fait, cette pratique rentre dans le cadre de la contrebande du carburant et les réseaux qui s’y activent sont des trafiquants, ni plus ni moins.
Or, poursuit Assabah, ces derniers ne font qu’exploiter les brèches juridiques dans la légalisation qui réglemente ce domaine. Une loi a bien été votée il y a deux ans et sanctionne justement ce genre de pratiques, rappelle le quotidien, mais elle n’est pas encore mise en application. Le journal n’hésite d’ailleurs pas à s’interroger sur les raisons qui empêchent la mise en œuvre de cette loi.
Cela étant, d’après Assabah, les cas les plus fréquents qui ont été repérés de ce trafic sont des personnes possédant un ou deux camions citernes qui se fournissent en carburant dans les régions du Sud, où il est vendu moins cher, et le revendent ensuite à des stations-service à un prix en dessous de celui du marché, leur permettant ainsi de réaliser des marges confortables.