La médina de Tanger, joyau patrimonial et vitrine touristique de la ville, offre aujourd’hui un spectacle affligeant. Poubelles absentes, détritus accumulés, odeurs nauséabondes… Le décor est indigne d’un centre historique censé incarner l’âme culturelle et architecturale de la ville, relate le quotidien Al Akhbar dans son édition du vendredi 20 juin. Résidents et visiteurs s’interrogent, parfois à haute voix, sur l’incapacité chronique de la société délégataire en charge du secteur de la propreté à assurer un service minimum dans ce périmètre ultrasensible.
Selon des sources locales citées par le quotidien, de nombreuses zones clés de la médina ne disposent même pas de bacs à ordures. Les marchés populaires et les abords des monuments historiques se transforment ainsi en dépotoirs à ciel ouvert. Le constat est d’autant plus amer que l’actuelle délégation de service public prévoit, sur le papier, un arsenal impressionnant: bennes enterrées, triporteurs électriques, campagnes de sensibilisation, systèmes de télésurveillance et même des conteneurs pour vêtements usagés à redistribuer via le tissu associatif. «Mais sur le terrain, rien ne se matérialise. Le grand écart entre les engagements contractuels et la réalité pose avec acuité la question de la reddition des comptes», lit-on.
La société chargée du nettoyage de la médina semble fonctionner sans boussole ni supervision. Aucune stratégie d’adaptation au tissu urbain spécifique de la vieille ville, aucune mobilisation sérieuse d’équipements adaptés aux ruelles étroites, et surtout, aucune réaction visible des autorités locales. L’absence de suivi rigoureux de la part des services municipaux frise la complicité passive. Cette inertie alimente aujourd’hui des appels pressants à l’ouverture d’une enquête et à l’activation des clauses de sanction contre le délégataire, largement pointé du doigt.
Plus grave encore, écrit Al Akhbar, la société aurait privilégié l’endettement pour tenter de masquer son inefficacité et pour la supposée acquisition d’une flotte de véhicules, de balayeuses et de matériel de collecte ainsi que le recrutement de près de 1.000 agents. Sans résultats concrets, ces annonces sonnent comme une opération de communication creuse. «Même les mesures censées améliorer l’image de la ville, comme l’usage de tricycles écologiques ou le nettoyage mécanisé, restent lettres mortes», lit-on encore.
À l’approche de la haute saison touristique, la situation devient explosive. Des milliers de visiteurs, marocains et étrangers, affluent chaque été vers la médina de Tanger pour s’imprégner de son charme. Mais que retiennent-ils? L’odeur des ordures ou celle de l’histoire? La saleté des lieux ou la richesse du patrimoine? En l’absence d’un sursaut rapide, c’est l’image de Tanger qui est écornée et la dignité de ses habitants qui est piétinée.








