La marocaine Asmaa Boujibar, professeure adjointe de sciences planétaires et professeure adjointe au département de géologie et au département de physique et d’astronomie à la Western Washington University (WWU), a obtenu une nouvelle subvention de 300.000 dollars sur deux ans de la NASA pour rechercher des éléments constitutifs de la planète Mercure dans son laboratoire. C’est ce qu’a révélé cette université située dans la ville de Bellingham, au nord-ouest des États-Unis, dans une récente note publiée sur son portail.
D’après la WWU, Asmaa Boujibar est capable de produire dans son laboratoire la même chimie, les mêmes pressions et températures que celles présentes sur Mercure. «Le laboratoire haute pression et haute température nous permet de simuler l’intérieur des planètes, dont la Terre. Nous combinons donc essentiellement les données de la surface avec des expériences pour déterminer à quoi pourrait ressembler l’intérieur et construire une image complète de la composition de la planète», explique la chercheuse.
Asmaa Boujibar et son équipe d’étudiants diplômés et de chercheurs de premier cycle exploiteront les données, cartes et informations obtenues par la sonde Messenger de la NASA qui a orbité autour de Mercure de 2011 à 2015, pour glaner des informations sur le passé, le présent et l’avenir géologique de Mercure. «Nous en savons beaucoup plus sur Mars que sur toute autre planète au-delà de la Terre, grâce aux données des rovers et des météorites martiennes qui tombent sur Terre. Mais pour Mercure, nous devons travailler avec des simulations en laboratoire et la télédétection. Tout le travail que nous effectuons dans mon laboratoire ne peut être basé que sur des données de télédétection, et une grande majorité de celles-ci proviennent du vaisseau spatial Messenger», ajoute-t-elle.
Étudier Mercure à travers l’intelligence artificielle
Selon l’université américaine, cette bourse de la NASA permettra aux étudiants de s’attaquer aux modèles complexes observés à la surface de Mercure, en appliquant l’intelligence artificielle. «Les données de Messenger ont montré des corrélations intéressantes entre de nombreux aspects de la physique et de la chimie de la planète, tels que la topographie, la composition chimique, l’âge, le champ magnétique et gravitationnel. Désormais, nous pouvons nous appuyer sur l’apprentissage automatique pour traiter ce vaste ensemble de données et identifier des modèles invisibles avec les techniques mathématiques traditionnelles», détaille l’établissement.
Pour Asmaa Boujibar, ce projet de recherche «arrive à point nommé», parce que coïncidant avec le lancement du vaisseau spatial BepiColombo, dans le cadre d’une coentreprise entre l’Agence spatiale européenne et l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale qui commencera à orbiter autour de Mercure en décembre 2025. «Nos résultats fourniront de nouvelles hypothèses à tester avec les données collectées par cette mission», souligne-t-elle.
Asmaa Boujibar, qui a rejoint la WWU depuis 2022, a grandi à Casablanca et se décrit comme une vraie passionnée de la recherche spatiale. Elle a obtenu son doctorat à l’Université Clermont Auvergne en France en 2014, où elle a exercé au sein du Laboratoire magmas et volcans.
Âgée à l’époque de 27 ans, elle a été admise au sein d’une équipe de chercheurs de la NASA la même année, dans le cadre de la préparation de son doctorat, devenant ainsi la première femme marocaine à travailler pour la célèbre agence aéronautique et spatiale américaine. Après son doctorat, elle avait obtenu un poste postdoctoral au Johnson Space Center de la NASA à Houston, au Texas, de 2014 à 2016.