La BNPJ enquête sur des irrégularités affectant les programmes Forsa et Intelaka

Lors du lancement du programme gouvernemental Forsa à Rabat, le 12 avril 2022.. MAP

Revue de presseFace à la montée des créances impayées et aux soupçons de malversations, la Brigade nationale de la police judiciaire a ouvert une enquête sur la gestion de ces dispositifs, révélant des failles dans l’accompagnement des bénéficiaires et la supervision des financements. Cet article, est une revue de presse, tirée du quotidien Assabah.

Le 23/09/2025 à 18h36

La Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a ouvert une vaste enquête sur la gestion et l’octroi des financements publics destinés aux programmes Intilaka et Forsa, deux dispositifs phares de soutien aux petites entreprises, aux porteurs de projets et aux initiatives d’auto-emploi.

Dans son édition de ce mercredi 24 septembre, le quotidien Assabah indique que l’intervention de la BNPJ intervient dans un contexte marqué par une hausse inquiétante des créances en souffrance et par la multiplication d’informations faisant état de pratiques douteuses, de détournements et de dépassements dans l’attribution de ces prêts.

Ces programmes, lancés avec le soutien direct de l’État et dotés de plusieurs milliards de dirhams, visaient pourtant à encourager l’entrepreneuriat et à offrir des alternatives concrètes aux jeunes en quête d’opportunités professionnelles, a-t-on lu.

Le programme Intilaka avait été conçu comme un levier majeur de financement à taux préférentiels: 2 % pour les projets urbains et 1,75% pour ceux implantés en milieu rural, avec des garanties limitées au projet lui-même.

Le montant du prêt pouvait atteindre jusqu’à 1,2 million de dirhams.

Ces incitations ont suscité un véritable engouement, incitant de nombreux jeunes et entrepreneurs à déposer leurs dossiers.

Mais ce succès a aussi favorisé l’émergence de réseaux d’intermédiation illégale, profitant de la manne publique.

Des témoignages évoquent des pratiques de corruption, telles que le paiement de pots-de-vin, ou encore la falsification de documents afin de décrocher les financements.

Conséquence directe: une part significative des prêts est aujourd’hui classée en défaut de paiement.

Alors que les difficultés du programme Intilaka tiennent surtout aux pratiques frauduleuses, celles du programme Forsa relèvent davantage d’un déficit d’accompagnement.

Prévu pour financer des projets d’auto-emploi à hauteur de 100.000 dirhams, ce dispositif a vu nombre de ses bénéficiaires échouer faute de suivi et de formation adaptés.

Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui poursuivis en justice, pour le non-remboursement des sommes empruntées.

Cité par Assabah, Abdellah Ferki, président de la Confédération marocaine des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), met en cause la responsabilité des institutions partenaires.

«Ces institutions s’étaient engagées à assurer la formation et l’accompagnement des bénéficiaires. Il est indispensable que l’enquête de la BNPJ examine leur rôle et le respect de leurs engagements», a-t-il déclaré.

Ferki a également critiqué la lenteur excessive de certaines procédures.

«Dans certains cas, les candidats ont dû attendre plus de trois ans pour obtenir leur financement, ce qui a compromis leurs projets et accentué leurs difficultés de remboursement», a-t-on encore pu lire.

Les incubateurs, censés jouer un rôle d’appui technique et d’encadrement, sont eux aussi pointés du doigt.

Selon Ferki, une enveloppe de 500 millions de dirhams leur avait été attribuée pour accompagner les porteurs de projets du programme Forsa.

Or, plusieurs bénéficiaires affirment n’avoir reçu aucun soutien réel, remettant en question la pertinence des critères de sélection de ces structures.

Assabah indique que l’enquête de la BNPJ portera sur l’ensemble des intervenants et réseaux soupçonnés de malversations.

Les dossiers des personnes impliquées dans des irrégularités seront transférés devant la justice.

Par La Rédaction
Le 23/09/2025 à 18h36