Si votre enfant a un gonflement sous la mâchoire et développe une fièvre d’intensité variable, il a probablement attrapé les oreillons. C’est une infection due au virus ourlien, touchant essentiellement l’enfant d’âge scolaire, qui se caractérise par une inflammation des glandes salivaires. Une maladie contagieuse qui se transmet par des gouttelettes de salives émises par la personne malade, dont les symptômes apparaissent deux à trois semaines après la contamination.
«Nous avons dénombré 1.000 cas d’oreillons, après une étude réalisée à Casablanca durant ces trois derniers mois», révèle le docteur Moulay Said Afif, président de l’Association casablancaise des pédiatres privés, dans une déclaration pour Le360. «Ce jeudi 22 février, j’ai reçu en consultation cinq enfants touchés», rajoute-t-il.
À Rabat, même constat. «Nous remarquons actuellement de nombreux cas d’oreillons à Rabat. J’ai reçu entre 50 et 60 enfants infectés en consultation au cours des deux derniers mois, dont un admis en réanimation qui évolue positivement. Jamais je n’ai eu autant de cas d’oreillons en trente ans de carrière», s’étonne de son côté le docteur Hassan Afilal, président de la Société marocaine de pédiatrie, contacté par Le360.
Risque de contagion élevé
Cette inquiétante hausse des infections s’explique par un risque de contagion élevé du virus, estimé en moyenne à sept jours avant et sept jours après l’apparition des premiers symptômes. «Ces enfants peuvent contaminer leur entourage, notamment les adultes. Dans mon entourage, un de mes amis médecins a attrapé cette maladie. Et sa situation risque de se compliquer», alerte Hassan Afilal.
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Autre raison de cette forte propagation: la dette immunitaire. «De nombreux enfants, qui n’ont pas été vaccinés, notamment à cause de la Covid-19, n’ont pas développé une immunité contre cette infection virale. Cela a provoqué une diminution de la défense immunitaire de leur organisme», explique Moulay Said Afif. D’où la nécessité, selon lui, d’éloigner les enfants touchés de l’école dès l’apparition de l’infection, pendant en moyenne 5 à 7 jours.
Inflation certes bénigne après un traitement symptomatique sous surveillance médicale, les oreillons peuvent tout de même provoquer des complications graves comme la méningite virale ou l’inflammation des testicules (orchite) qui pourrait entraîner la stérilité chez les garçons.
Le vaccin ROR, seul remède
Mais mieux vaut prévenir que guérir. D’après nos deux spécialistes, la vaccination ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) est le seul moyen de prévention. Les enfants correctement vaccinés sont rarement touchés et ils ne présentent qu’une forme bénigne de la pathologie. «La vaccination doit se faire à partir de l’âge d’un an. À partir de la puberté, les complications sont extrêmement graves avec possibilité de stérilité, de diabète ou d’autres complications plus graves», souligne Hassan Afilal.
Seul bémol: ce vaccin à deux injections, disponible au Maroc, est seulement administré par les pédiatres privés, à raison de 150 dirhams par injection, contrairement aux structures publiques où les praticiens délivrent ceux de la rougeole et de la rubéole (RR). Le taux de remboursement pour chaque injection est de 80% auprès de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et de 60% à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). «Dans notre enquête, nous avons constaté que sur les 1.000 cas enregistrés à Casablanca, seuls 3% sont vaccinés et présentaient des formes bénignes», affirme encore le docteur Afif.
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Nos deux interlocuteurs invitent le ministère de la Santé à introduire le vaccin contre les oreillons dans le calendrier vaccinal pour réduire les risques de contamination chez les enfants. Selon le président de l’Association casablancaise des pédiatres privés, «dans les pays où la vaccination anti-ourlienne est pratiquée à grande échelle, l’incidence de la maladie a chuté de façon spectaculaire». En France, par exemple, la généralisation du ROR a réduit considérablement la fréquence de cette infection chez les enfants de 3 à 6 ans.
En attendant cette décision ministérielle, l’Association casablancaise des pédiatres privés compte lancer prochainement une campagne de sensibilisation dans les écoles à travers des affiches, en partenariat avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale, pour alerter sur cette inquiétante vague d’oreillons et inciter les parents à vacciner leurs enfants.