Inondations à Taroudant. Scandale. Un stade construit sur le lit d’un oued: à qui en incombe la responsabilité?

Les sept personnes décédées assistaient à un tournal local de football quand elles ont été surprises par les inondations. Ici, le terrain où devait se jouer ce tournoi. 

Les sept personnes décédées assistaient à un tournal local de football quand elles ont été surprises par les inondations. Ici, le terrain où devait se jouer ce tournoi.  . DR

Les torrents d’eaux de l’oued Imi Natiar, entré en crue hier, mercredi 28 août, ont tué au moins sept personnes qui se trouvaient sur un terrain de football construit dans le lit même de cet oued. Qui a autorisé la construction dangereuse de ce terrain? Une reddition des comptes est nécessaire.

Le 29/08/2019 à 11h21

Il faut croire que le drame similaire survenu dans la vallée de l’Ourika, en 1995, n’aura pas servi de leçon.

Les inondations survenues dans cette vallée du Haut Atlas s’étaient soldées par le lourd bilan (officiel) de plus de 60 morts, quand l'oued qui traverse l’Ourika avait tout emporté dans sa crue.

Un scénario dramatiquement identique s'est répété hier, mercredi 28 août 2018, lorsque de violents orages se sont abattus sur la commune d'Imi Natiar, relevant du caïdat Adar, abritant la tribu Ada Ounit, du cercle Ighran, dans des des zones montagneuses situées à 90 kilomètres de Ouarzazate.

Alors que le ministère de l'Intérieur a d’ores et déjà ouvert une enquête sur le drame, les premières constations relevées sur place par Le360 montrent qu'au plus fort moment de la crue de l’oued d’Imi Natiar, survenu aux alentours de 17 heures, des jeunes de la commune disputaient un match de football sur un terrain de sport édifié sur le lit même de l’oued.

Au moment du drame, ceux qui ont pu fuir ont réussi à gravir une colline et n’ont pu, impuissants, que regarder leurs amis se faire emporter par la violence des torrents d’eaux.

Une question se pose dès lors: qui a construit le stade?

L’initiative en revient à une association locale, qui a édifié cet ouvrage aujourd’hui complètement détruit, grâce à une autorisation délivrée par la commune dont la présidence, selon des sources locales, est assurée par le parti de l’Union Constitutionnelle.

Selon des sources locales, la région où vient d’avoir lieu ce drame est "très accidentée".

Il n'y avait donc pas, selon ces responsables communaux, de zone plus appropriée que celle-ci, le lit d'un oued, donc un terrain plat, pour construire une aire de jeu.

De son côté, le député de Taroudant Abdellatif Ouahbi, élu sous les couleurs du Parti Authenticité et Modernité (PAM –opposition) dénonce vivement le gouvernement de n'avoir pas su informer "bien à l'avance les populations locales de [l’arrivée de cet] orage".

"Il est où ce gouvernement, qui n’informe pas [la population] et qui ne s'est pas déplacé sur place", s’indigne-t-il, avant de faire endosser la responsabilité de la construction de ce stade aux autorités locales.

"Comment la commune a-t-elle pu délivrer une autorisation de construction de ce stade près du lit de l'oued ?", s’est interrogé Abdellatif Ouhbi, tout en invitant le gouvernement a assumer ses responsabilités après ce drame.

Le député de Taroudant invite en outre le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, de décréter, en premier lieu, l’état de catastrophe pour la zone touchée par cette crue, ensuite "d'envoyer une délégation gouvernementale sur place et de fournir un soutien financier aux familles des victimes".

"La région est très pauvre", s’est désolé Abdellatif Ouahbi pour conclure.

Un internaute, au fait de la région où a eu lieu ce drame, avait alerté sur Twitter sur cette évidence que représente le danger de l'édification d'un terrain de sport sur le lit d'un oued. 

L'avertissement est resté lettre morte... Jusqu'à ce drame qui a frappé des jeunes de la région d'Imi Natiar, hier, mercredi 28 août, et qui vient rappeler, avec acuité, la nécessité pour le Maroc que ses élus soient bien conscients des actes qu'ils posent.

Faire de la politique, c'est avant tout une immense responsabilité. Des vies sont en jeu. 

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 29/08/2019 à 11h21