Le Maroc se trouve dans une situation de stress hydrique quasi permanente avec l’équivalent de 600 m3 habitant par an, relève le rapport stratégique 2017 intitulé "Panorama du Maroc dans le monde: les enjeux planétaires de la biosphère", publié récemment par l’Institut royal des études stratégiques (IRES).
Il précise par ailleurs qu’en 2050, sous la pression démographique et le changement climatique, le capital eau par habitant pourrait chuter nettement avec moins de 500 m3 habitant par an.
Les sols seraient alors soumis à de fortes pressions dues, notamment, aux besoins du secteur agricole, et deviendront très vulnérables à l’érosion, selon le document qui note que ces derniers souffrent déjà de la dégradation qui se manifeste à travers la déforestation, les défrichements, les changements du couvert végétal.
Cette dégradation pourrait réduire la surface agricole utile par habitant à 0,22 et à 0,15 hectare par personne en 2025 et à l’horizon 2050, contre 0,24 actuellement, explique le texte.
Selon le haut-commissariat aux Eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, si les écosystèmes forestiers sont généralement caractérisés par une plus grande amplitude de seuils de tolérance climatique, environ 22% de la flore du Maroc risque de disparaître en 2050, notamment la faune sauvage terrestre, particulièrement impactée par les sécheresses.
A la fin de décembre 2012, près de 1.200 espèces au Maroc étaient inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Parmi elles, 9% sont quasiment menacées d’extinction, 7% sont vulnérables et 7% sont en danger, ou en danger critique d’extinction contre 70% qui constituent une préoccupation mineure.
Des réserves halieutiques sont également menacées étant donné que les stocks de poissons s'amoindrissent déjà du fait d’une gestion peu efficiente de l’espace côtier, lequel est le théâtre de nombreuses activités.
Celles-ci, couplées avec d’autres facteurs anthropiques, induisent des pressions sur les écosystèmes et nuisent à la stabilité biologique des populations de poissons.
Les rejets polluants portent préjudice à la productivité de la pêche et à la capacité reproductive des espèces, ce qui se traduit par une réduction progressive de la disponibilité des ressources halieutiques et par des impacts négatifs sur les milieux de vie marins.
A cela s’ajoute la question de la surexploitation des ressources halieutiques. Le rapport indique, à ce propos, que parmi les stocks régulièrement suivis et soumis à surveillance, 16 sont estimés surexploités et 4 sous-exploités.
En outre, les contrôles effectués par le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’eau et de l’environnement ont montré que plus de 50% des bateaux de pêche avaient été accostés pour avoir pêché dans des zones interdites, au cours de périodes de repos biologique ou parce qu'ils avaient utilisé des techniques prohibées, rapporte la même source.
En 2015, l’IRES a lancé une nouvelle série de rapports stratégiques, intitulés "Panorama du Maroc dans le monde", qui s’assignent pour objectif de présenter une situation donnée dans sa globalité afin de mieux cerner les enjeux systématiques.
Le premier panorama portait sur les transitions majeures et leurs impacts sur le Maroc (2015), le second était consacré aux relations internationales du royaume (2016), tandis que le troisième aborde les questions cruciales du changement climatique et de l’empreinte écologique, notamment les enjeux planétaires de la biosphère.