Les journaux du mercredi 29 octobre abordent dans leur majorité la grève générale. Al Massae indique ainsi, en Une, que les «syndicats menacent de poursuivre l’escalade même après la grève générale». Devant les «menaces du gouvernement et son insistance à ne pas les inviter à la table du dialogue», les centrales menacent de durcir leur mouvement. A l’appel de trois centrales syndicales, vite rejointes par d’autres syndicats, mouvements et partis politiques, les fonctionnaires de l’administration et des collectivités locales, des entreprises semi-publiques et les employés du secteur privé observeront la grève demain. «Nous ne craignons pas les menaces du gouvernement et nous continuerons à défendre les revendications des salariés, c’est notre mission», a soutenu un responsable de l’Union marocaine du travail (UMT), cité par le quotidien.
Un avertissement
Cette grève se veut un «avertissement» au gouvernement, qui sera suivi par d’autres mesures, à moins que le dialogue social ne reprenne. En filigranes, plusieurs responsables syndicaux, cités par Al Massae, laissent entendre que les centrales n’ont pas le choix, devant le gel du dialogue social, les mesures impopulaires prises par l’exécutif et les attaques contre le pouvoir d’achat des Marocains. Le même son de cloche se fait entendre dans les colonnes d’Al Akhbar. Cette version est reprise en écho aussi bien par Abdelhamid Fatihi, Secrétaire général national de la Fédération démocratique du travail (FDT), que par Abdelkader Ezzair, vice-secrétaire général national de la Confédération démocratique du travail (CDT).
Grévistes malgré eux…
Ces réactions font suite aux déclarations d’Abdelilah Benkirane sous la coupole. Ce dernier a estimé que la grève n’est «pas une solution aux problèmes posés». Al Massae et Al Akhbar rapportent également que le chef du gouvernement a promis une bonne nouvelle aux Marocains, qu’il ne compte annoncer que le jour de la grève… Al Akhbar a couvert les travaux des groupes de la majorité au Parlement, au cours de laquelle Benkirane a accusé les syndicats et les partis d’opposition de «déclarer la guerre au gouvernement». «Nous, nous ne déclarerons pas la guerre», enchérira-t-il. Benkirane réaffirme sa détermination à faire aboutir la réforme des retraites. Il fustige le discours et les pratiques de l’opposition, qui ne correspondent pas au contenu du discours du Souverain lors de l’ouverture de la session d’automne du Parlement.
Réponse du berger à la bergère, Noureddine Moudiane, chef du groupe istiqlalien à la Chambre des députés, accuse le gouvernement d’avoir arnaqué et escroqué les Marocains à travers les mesures impopulaires adoptées. Abdellah Bouanou, chef du groupe PJD, pour sa part, juge que l’exécutif a échoué à combattre la corruption et que les chiffres concernant les caisses noires figurant dans le PLF 2015 sont faux. De son côté, Assabah annonce que trois grands syndicats (UMT, FDT et la CDT) cherchent à fusionner en une seule centrale. Le rapprochement remonte au 29 janvier 2014. Lors d’une conférence de presse organisée samedi dernier, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, a qualifié ce rapprochement et cette coordination d’événement «historique». Cette grève sera-t-elle massivement observée? Les chiffres le diront, bien qu'il faille s'attendre à des chiffres qui ne manqueront pas d'être contradictoires.