GenZ212. Témoignages: Inzegane sous le choc après une nuit de violences

Une agence d'Al Barid Bank vandalisée mardi 30 septembre 2025. (M.Oubarka/Le360)

Le 01/10/2025 à 17h26

VidéoAprès une nuit de violences à Inzegane, habitants et acteurs locaux dénoncent des débordements qui ont défiguré une mobilisation initialement sociale. Entre commerces incendiés, infrastructures détruites et climat de peur, la population appelle à des sanctions exemplaires contre les fauteurs de troubles.

Les habitants de la ville d’Inzegane et plusieurs victimes des incidents survenus dans la nuit de mardi à mercredi ont exprimé leur indignation face aux actes de vandalisme qui ont émaillé les récentes manifestations de jeunes protestants contre la dégradation des conditions de vie, en particulier dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’emploi. S’ils affirment comprendre les motivations sociales derrière la mobilisation, ils condamnent unanimement les violences et appellent les autorités compétentes à sanctionner les responsables de ces débordements.

Rachid Boulbous, acteur associatif local, a qualifié ces événements de «tache indélébile» sur l’image de la jeunesse manifestante. Selon lui, le rassemblement initialement présenté comme une marche de contestation pacifique a rapidement basculé dans la violence, donnant lieu à des scènes de chaos urbain. Plusieurs infrastructures et commerces ont été pris pour cibles: une agence d’Al Barid Bank, une pharmacie, des cafés et restaurants, mais aussi du mobilier urbain, notamment l’éclairage public et la signalisation routière. Des arbres ont été déracinés, des voitures vandalisées ou incendiées, tandis qu’un centre commercial a été pris d’assaut et qu’une tentative d’intrusion dans un second établissement a été déjouée.

«Ceux qui réclament des droits et se disent pour la justice ne peuvent sortir la nuit, cagoulés et s’attaquer aux personnes et aux biens d’autrui. D’autant que les victimes sont de pauvres citoyens qui travaillent dur pour avoir une boutique, un commerce ou une pharmacie», a-t-il ajouté, insistant sur le fait que les émeutiers, pour la plupart très jeunes, souvent mineurs, ont semé la panique parmi les habitants.

De son côté, Mohamed Amnoun, résident d’Inzegane, a dénoncé avec fermeté ces actes de destruction gratuite qui ont détourné la mobilisation de ses revendications sociales initiales. «Au lieu de se limiter à porter des slogans sur la santé, l’éducation et l’emploi, certains ont choisi la voie du vandalisme. Ce qui s’est passé relève d’actes criminels, passibles du Code pénal», a-t-il déclaré. Il appelle à l’ouverture de poursuites judiciaires contre toutes les personnes identifiées comme ayant pris part à ces exactions.

Selon lui, la ville a vécu un véritable «mardi noir» auquel personne ne s’attendait. «Nous n’aurions jamais imaginé que ces manifestations dégénéreraient au point de menacer les biens et la sécurité des citoyens», confie-t-il. Amnoun a tenu à exprimer sa solidarité envers les commerçants lourdement touchés. Si le malaise social qui alimente ces protestations reste réel, le recours à la violence et au chaos est jugé contre-productif, nuisible à l’image d’Inzegane, centre commercial stratégique reliant le Nord et le Sud du Royaume.

Par M'hand Oubarka
Le 01/10/2025 à 17h26