Fournitures scolaires: entre monopole des écoles privées et détresse des familles

Parents, enfants, étudiants : tout le monde a rendez-vous à la papeterie !

Une papeterie fréquentée par des parents d'élèves, à la veille de la rentrée des classes. . Brahim Taougar - Le360

Revue de presseÀ l’approche de la rentrée scolaire, la polémique concernant la vente obligatoire des fournitures au sein des établissements scolaires privés refait surface. Cette pratique, perçue comme une entorse à la libre concurrence, suscite l’émoi des librairies indépendantes et des associations de parents d’élèves, qui dénoncent des prix majorés et un choix restreint. Une situation qui alourdit la charge financière des familles et menace l’écosystème culturel. Une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 24/08/2025 à 19h04

À l’orée de la rentrée scolaire, la controverse autour de la commercialisation des fournitures connaît un regain de vigueur. Certains établissements, notamment privés, imposent l’acquisition des ouvrages dans leur enceinte. Une pratique qualifiée de monopolistique qui porte préjudice aux librairies indépendantes et restreint la liberté de choix des élèves, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce lundi 25 août.

Les professionnels du livre soulignent que le marché des manuels scolaires représente près de 70% du chiffre d’affaires de l’édition et de la distribution. Les familles marocaines se trouvent ainsi prises en étau dans ce conflit: les associations de parents d’élèves déplorent des prix imposés excédant de 15 à 25 dirhams ceux pratiqués dans les librairies.

Cette situation contribue à l’inflation du coût total des fournitures, lequel peut dépasser 2.000 dirhams par élève, selon les niveaux, ce qui constitue un fardeau supplémentaire pour les ménages modestes et moyens, d’autant plus sensible en cette période de hausse des prix des produits de consommation.

De leur côté, les librairies indépendantes mettent en garde contre les conséquences sociales et culturelles de cette pratique. Celle-ci menace, selon elles, les moyens de subsistance de milliers d’employés du secteur et affaiblit un maillon essentiel de la vie culturelle.

Ces commerces, qui distribuent chaque année plus de 1.500 ouvrages scolaires, ne sont pas seulement des points de vente, mais aussi des lieux de savoir, de dialogue et de rayonnement intellectuel. Leur marginalisation nuirait à l’ensemble de l’écosystème culturel. Fatima Zahra Omari, membre d’une association de parents d’élèves à Rabat, témoigne: «les familles subissent de fortes pressions. Imposer l’achat des livres à l’école à des prix prédéfinis manque de logique. Nous exigeons un cadre clair qui garantisse notre liberté de choix et un contrôle des prix au bénéfice des parents».

Ces éléments appellent une intervention du ministère de l’Éducation nationale afin d’établir un cadre juridique assurant transparence et équilibre: protection du pouvoir d’achat des familles, respect d’une concurrence loyale et préservation de la vitalité des librairies en tant qu’acteurs culturels et économiques essentiels, relaie Al Ahdath Al Maghribia.

Au-delà d’un simple différend commercial, cette controverse engage des questions de justice sociale, d’accès équitable à l’enseignement et, plus profondément, de la place du livre dans la société marocaine. Réduire les librairies à de simples concurrentes des écoles, c’est appauvrir symboliquement et matériellement le paysage de la connaissance.

Par Hassan Benadad
Le 24/08/2025 à 19h04