Exploitation des carrières: un rapport parlementaire critique l’ampleur des rentes

Une carrière de sable.. DR

Revue de presseL’activité de l’exploitation des carrières de sable, d’argile (ou ghassoul) et de marbre échappe au contrôle des autorités compétentes. Il s’agit d’une véritable rente qu’un rapport, rédigé par une équipe de députés du Parlement en mission d’exploration, vient de dévoiler. Une revue de presse d’Assabah.

Le 22/05/2024 à 19h16

Les rouages de la surexploitation des carrières de sable, d’argile (ou ghassoul) et de marbre ont été examinés, lors d’une enquête de terrain, par une commission de députés de la Chambre des représentants.

Selon Assabah de ce jeudi 23 mai 2024, «[cette mission de députés] initiée par la Chambre des représentants a émis un rapport accablant sur les dysfonctionnements de ce secteur, le trafic d’influence qui y fait florès, et a relevé des violations flagrantes des lois en vigueur».

Selon des interlocuteurs du quotidien, «les membres de cette mission d’exploration parlementaire, présidée par Saïd Baâziz de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition), n’attendent que le retour de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, actuellement en déplacement en Indonésie, pour se mettre d’accord sur la date d’une séance en vue de soumettre le rapport en question aux débats sous la Coupole».

Cependant, en attendant la rentrée du ministre, «les députés membres de cette commission craignent des pressions de lobbies, qui tirent profit de l’anarchie de la surexploitation des carrières, afin que certains paragraphes de ce rapport, qui critique la situation dans cette activité, soient modifiés» expliquent ces mêmes sources, selon lesquelles «le secteur s’est transformé en une véritable rente, engendrant des milliards au profit de certaines personnalités qui disposent de carrières sur des superficies allant de 20 à 200 hectares et échappant à tout contrôle».

Le Maroc dispose en effet de 2.920 carrières, sur une superficie de 35.611 hectares. Les recettes engendrées s’élevaient, entre 2016 et 2021, à 3.6 milliards de dirhams, selon un rapport de la Cour des comptes.

Ce document, précise Assabah, avait relevé des contradictions dans les données relatives à l’année 2020, révélant que «120 carrières étaient recensées par les experts de la Cour des comptes, alors que l’Agence Nationale des Eaux et Forêts n’en avait indiqué que huit».

Le quotidien rappelle aussi l’existence d’un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, en anglais United Nations Environment Program, UNEP), qui avait mis en garde contre cette question de la surexploitation des carrières de sable, où ce sont plus de 10 millions de mètres cubes de cette ressource qui sont annuellement extraits dans des conditions douteuses.

Par Mohamed Younsi
Le 22/05/2024 à 19h16