Enseignement supérieur: polémique sur la tarification des masters

Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.

Revue de presseLa décision de plusieurs universités marocaines d’instaurer des frais d’accès aux formations de master, particulièrement pour les fonctionnaires et les salariés, suscite une vive controverse. Ce mouvement relance un débat de fond sur les principes constitutionnels de gratuité et d’égalité des chances, et interroge l’avenir du service public universitaire. Cet article est une revue de presse tirée d’Al Akhbar.

Le 13/10/2025 à 19h10

La mesure prise par certaines universités d’augmenter les frais d’accès aux formations de master a provoqué un émoi considérable au sein de la communauté universitaire et sur la scène politique. «Elle a immédiatement ravivé l’ancienne polémique concernant l’avenir de l’enseignement public au Maroc et les limites de la contribution de l’État à son financement», rapporte Al Akhbar dans son édition du mardi 14 octobre.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte où le ministère de l’Enseignement supérieur affiche sa volonté de restructurer les modèles de formation et d’élargir l’offre universitaire. Il justifie cette orientation par la nécessité d’instaurer ce qu’il présente comme de «nouvelles normes de l’équité et de la qualité».

Dans ce climat tendu, la députée du PPS, Farida Khniti, a interpellé le ministre de tutelle, Azzedine El Midaoui, par une question écrite. Elle y dénonce une «discrimination exercée contre les fonctionnaires et les salariés», faisant spécifiquement référence à l’Université Mohammed Ier. La parlementaire a vigoureusement souligné que ces mesures consacrent une logique commerciale et bafouent les principes d’égalité des chances et de gratuité.

Elle fustige une «transformation progressive de l’université publique en un espace d’élite», accessible uniquement à ceux en mesure de s’acquitter de sommes importantes. Enfin, elle met en garde contre une «politique qui approfondit les disparités sociales» et érode la confiance des citoyens envers une institution qui fut, durant des décennies, un puissant levier d’ascension sociale.

Cette analyse est partagée par plusieurs syndicalistes et acteurs éducatifs, pour qui l’imposition de ces frais représente une «étape dangereuse vers une privatisation masquée de l’enseignement universitaire». Ils estiment que le devoir du ministère est plutôt de rechercher des formules de financement alternatives, garantissant la gratuité via un soutien accru aux universités et une participation des acteurs économiques au financement de la recherche scientifique.

«En réponse à ces critiques, des sources internes aux universités avancent que cette tarification vise à « améliorer la qualité de la formation et à couvrir les coûts logistiques», relaie Al Akhbar. Elles précisent que ce système reste «facultatif» et s’adresse à une catégorie de fonctionnaires bénéficiant déjà de facilités temporelles et organisationnelles. Des observateurs avertissent toutefois que l’absence d’un cadre juridique unifié pour régir ces formations payantes engendre un risque de disparités entre les établissements et soulève d’importantes interrogations sur les critères retenus pour fixer le montant de ces redevances.

Par Hassan Benadad
Le 13/10/2025 à 19h10