Des militants écologistes du Nord du Royaume s’interrogent: pourquoi des parlementaires ont-ils renoncé à leur projet de constitution d’une commission d’enquête, à propos de l’extraction illégale du sable des côtes méditerranéennes, près de Tétouan?
D’après Al Akhbar de ce lundi 6 novembre 2023, les élus de cette région ont brusquement changé d’avis à ce propos.
Pourtant, ils avaient annoncé leur intention de demander au président de la première Chambre du Parlement la constitution d’une commission d’enquête afin de déterminer les conditions dans lesquelles du sable est extrait, en toute illégalité, des côtes méditerranéennes près de Tétouan et de M’diq.
Ces députés avaient à l’origine décidé de se rendre sur les lieux, après avoir préalablement obtenu une autorisation de la présidence de la première Chambre du Parlement, afin d’enquêter sur cette situation qui perdure depuis plusieurs années.
L’extraction illégale a été telle que d’immenses fosses et des tranchées sont désormais visibles dans un important périmètre, ce qui constitue une menace écologique, et peut provoquer des inondations à marée haute.
Manifestement, ces extractions illégales ne sont pas récentes. Il s’agirait même là, explique Al Akhbar, d’un «argument électoral» que les candidats aux élections, qu’elles soient régionales ou nationales, «brandissent régulièrement».
Leur promesse est à chaque fois identique: «mettre fin aux carrières anarchiques de sable», mais lorsque «les résultats des élections sont proclamés, ils s’empressent d’oublier» ce qu’ils avaient déclaré au cours de leur campagne électorale.
La demande de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire, explique Al Akhbar, est, là aussi, «une promesse de longue date», qui se «renouvelle à chaque début de législature».
Pire encore, indique le quotidien, qui cite des interlocuteurs du Nord du Royaume, les parlementaires de cette région refusent même d’interpeller les membres du gouvernement à propos de cette exploitation illégale, qui prolifère dans la région.
C’est pourtant là l’une des missions d’un parlementaire, pour sa circonscription, explique le quotidien.
Ces députés réagissent sans doute ainsi, croit savoir Al Akhbar, par «calcul électoraliste», ou à cause «d’un agenda personnel».
Al Akhbar n’écarte pas non plus «l’existence d’accointances, quoique n’ayant avancé aucun signe concret, entre des dirigeants de partis politiques et le réseau des profiteurs, qui exploitent illégalement des carrières de sable anarchiques».
D’après Al Akhbar, pour «justifier cette pratique», un argument est souvent avancé: «le sable est prélevé dans des terrains qui appartiennent à des personnes physiques», ce qui constitue néanmoins «une menace environnementale», et ce qui est, par ailleurs, «une pratique illégale».
Plus encore, précise le quotidien, sans l’obtention d’autorisations pour l’extraire, le sable de ces côtes finit souvent dans des entrepôts clandestins, avant d’être mis en vente dans des circuits informels.