Dans un geste fort, pour lutter contre le décrochage scolaire, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement préscolaire et des Sports a décidé d’offrir une seconde chance aux élèves exclus des collèges et lycées, même lorsque leur âge dépasse la limite habituelle de leur niveau scolaire.
Certains jeunes concernés peuvent ainsi avoir jusqu’à 22 ans, écrit le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 23 juillet.
Chaque année, plus de 300.000 élèves abandonnent prématurément les bancs de l’école dans le Royaume, un chiffre alarmant, qui pèse lourdement sur une école marocaine déjà en quête de réforme profonde.
Face à ce constat, la tutelle a décidé de passer à l’action. Des instructions ont été données aux directions provinciales pour réintégrer des élèves exclus par des conseils disciplinaires, que ce soit pour échec scolaire répété ou pour des comportements contraires au règlement intérieur, a-t-on libellé.
Cette opération de réintégration s’appuie notamment sur le travail de terrain mené par des cellules locales, en collaboration avec les collectivités territoriales, les autorités locales et le tissu associatif.
Objectif, convaincre familles et élèves de reprendre le chemin de l’école, malgré parfois plusieurs années d’interruption, ajoute Assabah.
Dans ce cadre, de nouveaux seuils d’âge ont été fixés pour encadrer le retour en classe. Tout élève de moins de 16 ans pourra réintégrer son établissement de manière automatique.
Au collège, le plafond est désormais de 17 ans pour la première année, 18 ans pour la deuxième année et 19 ans pour la troisième.
Pour le lycée, le tronc commun est ouvert aux jeunes jusqu’à 20 ans, et la première année du baccalauréat jusqu’à 21 ans, avec une tolérance jusqu’à 22 ans pour finaliser cette première année, a aussi jugé utile de préciser le quotidien.
Les chefs d’établissements ont reçu l’instruction de convoquer des conseils de classe afin de statuer sur les demandes de réintégration dès la deuxième semaine de septembre. Si nécessaire, ces conseils pourront être réunis à nouveau pour examiner de nouvelles requêtes ultérieurement.
Dans leurs directives, les directions provinciales rappellent que l’étude des dossiers doit prendre en compte la situation sociale et sanitaire des élèves.
Sauf exception grave et dûment documentée, un comportement jugé problématique ne pourra justifier à lui seul un refus de réinscription.
Les demandes déjà présentées lors des années précédentes pourront également être réexaminées.
Cette mesure, saluée par certains comme un pas courageux pour offrir une seconde chance à des jeunes souvent livrés à eux-mêmes, ne fait toutefois pas l’unanimité dans les rangs du corps enseignant.
Plusieurs professeurs expriment toutefois leur inquiétude face au retour d’élèves plus âgés, parfois perçus comme “difficiles à encadrer”.
Certains rappellent que nombre de ces exclusions sont dues à l’indiscipline ou à des comportements violents.
Dans un contexte marqué par une montée des actes de violence à l’encontre du personnel éducatif, parfois tragiquement jusqu’au meurtre ou à l’agression physique, plusieurs enseignants réclament des garanties de sécurité et des mesures d’accompagnement pour prévenir tout dérapage.
Avec cette nouvelle orientation, le ministère entend réaffirmer le droit fondamental à l’éducation pour tous, sans distinction d’âge.
Il reste néanmoins à déterminer si les moyens d’encadrement, la capacité d’accueil des établissements et la formation des enseignants permettront à cette mesure de produire ses effets, sans trop accentuer la pression sur une école publique, déjà sous tensions.








