1- Entre la ville de Valence, qui vient de connaître un drame inattendu, et celle de Tanger, disons le nord de notre pays, il n’y a guère que 657 km, soit moins de deux heures d’avion. C’est une proximité entre les deux villes à prendre au sérieux.
Les terribles inondations qu’a connues Valence sont impressionnantes et surtout d’une violence meurtrière. Elles ont fait plus de deux cents morts et une centaine de disparus. Le roi Felipe VI et le Premier ministre Pedro Sanchez, qui ont visité la ville sinistrée, ont été très mal accueillis par la population frappée par ce malheur, des familles ayant tout perdu en quelques minutes. Les secours ont mis du temps pour intervenir. De toute façon, le volume d’eau tombée sur les quartiers d’habitation était énorme, rendant toute circulation impossible.
Était-ce évitable? Est-ce que les structures urbanistiques étaient étudiées en fonction d’un tel déluge? Le problème est que la planète est en colère, et pas uniquement dans des pays pauvres comme le Bangladesh ou certaines régions du Brésil ou d’Inde.
Elle est en colère parce que l’homme l’a détruite. Il l’a tellement maltraitée que, fatalement, elle s’exprime par ces intempéries que l’Homme ne peut maîtriser. Mais il aurait pu les prévoir et anticiper leur arrivée. Et le climat se venge. Les sceptiques sont inconscients ou criminels.
Le nord de notre pays pourrait connaître un jour ce malheur. Déjà, des pluies torrentielles ont eu lieu dans le sud, là où d’habitude il pleut très rarement. On a vu les dégâts que cela a causés.
Une raison de plus pour revoir la situation de l’urbanisme sauvage de Tanger et de Tétouan. Pour ne citer que le cas de Tanger, il existe des quartiers entiers construits n’importe comment, notamment dans la banlieue de la forêt Harhara, où des maisons inachevées poussent sur des pentes dangereuses. Une grosse pluie, violente, pourrait mettre en danger la vie des habitants. Pas besoin d’être ingénieur pour imaginer ce qui pourrait se passer dans ces quartiers à la légalité douteuse.
C’est maintenant qu’il faut agir, renforcer les fondations et consolider les constructions afin d’éviter un malheur à la valencienne. Prévoir. Oui, il vaut mieux prévoir que se lamenter après la catastrophe. Le climat est devenu imprévisible. Le rôle de la municipalité et des élus est de travailler en prévision d’un possible malheur. Prévoir et avoir de l’imagination devrait être le slogan de toutes les municipalités du pays.
2- Difficile de ne pas réagir aux élections américaines. À mon humble niveau, je constate, après bien des historiens et des sociologues, que les peuples adorent les chefs forts et charismatiques. Kamala Harris ne faisait pas le poids devant un Donald Trump qui n’a peur de rien, qui utilise les paroles et les images du populisme. Je ne porte aucun jugement sur le triomphe de Trump. Mais on vient de se rendre compte que les Démocrates sont faibles, hésitants et surtout incompétents.
Ainsi, tout en continuant à livrer des armes à Netanyahou ainsi que des milliards de dollars, Biden murmure du bout des lèvres qu’«il faut un cessez-le-feu». Un reportage dans un État où vivent des milliers d’Arabes et musulmans a montré leur déception et leur rejet des Démocrates. Ils ont voté Trump, sachant pertinemment qu’il va aider davantage Israël et qu’il a promis de reconnaître l’annexion de la Cisjordanie, terre palestinienne où des colons harcèlent les Palestiniens tous les jours pour les déloger et s’approprier leurs maisons.
Avec la victoire de Trump, la cause palestinienne a de nouveau pris un coup d’arrêt dramatique. Jeté dans la poubelle, le projet des deux États; oublié le projet de négociation pour trouver un plan garantissant la paix aux Palestiniens et aux Israéliens. Trump, c’est Netanyahou qui se serait teint les cheveux en blond. Cela dit, il pourrait surprendre tout le monde et contraindre son allié et admirateur israélien à faire la paix et rendre justice aux victimes de Gaza. Par ailleurs, il ne prend toujours pas au sérieux le réchauffement climatique et ses conséquences de plus ne plus dramatiques.
3- Je reviens sur le Prix Goncourt à Kamel Daoud pour son roman «Houris». Pas un jour où je ne reçois, via les réseaux sociaux, des articles diffamatoires à mon égard, comme si j’étais seul au jury de l’Académie Goncourt. Nous sommes dix, avec des sensibilités et des opinions politiques différentes. Six jurés sur dix ont voté pour «Houris». Mais pour le régime algérien, l’unique coupable, l’unique ennemi, est le Marocain, qu’ils appellent «Benkelboun» ou «Ben Courbette».
J’ai invité le lauréat à venir faire une tournée de lectures au Maroc. Il m’a répondu: «Il y a deux pays où, si un Algérien se rend pour des activités publiques, il perd sa nationalité: Israël et le Maroc. Tant pis, je te promets que j’irai bientôt dans ce pays que j’aime. Je perdrai ma nationalité, mais je garderai ma liberté».
Pas de commentaire. Je voulais juste faire cette précision et laisser la rage d’un régime haineux bouillir dans la marmite du mal.
4- Officiel: le Maroc compte 36.823.330 habitants. Ce chiffre sera revu à la hausse parce qu’une vieille habitude nous pousse à faire croire que nous sommes plus nombreux. On dira que les autorités ont minoré les vrais chiffres. Je me demande bien pour quelles raisons. Avec presque 37 millions, le pays avance malgré tout, mais avec de plus en plus de laissés-pour-compte. Les inégalités sont têtues. Hélas.