C'est un dossier brûlant que nous ressort Al Ahdath Al Maghribiya dans sa livraison du week-end. Le quotidien revient sur un malheureux anniversaire cuisant de douleur, de honte et de misère. Six ans se sont écoulés depuis l'incendie qui a ravagé l'usine Rosamor Ameublement à Casablanca, consumant dans la folie de ses flammes une cinquentaine de vies. Al Ahdath donne la parole aux victimes et à leurs familles, revenant ainsi sur des drames familiaux peuplés de cadavres calcinés, de corps marqués à tout jamais par le feu, d'orphelins, de veuves dont les vies et les rêves sont partis en fumée.
Un samedi noir, un samedi de bûcher, inoubliable car le deuil de ce qui a été perdu n'a jamais été fait. La bâtisse crématoire est toujours là, témoin hideux de la souffrance des victimes brûlées vives et de leurs familles qui attendaient, dehors, chauffées à blanc, qu'un père, une mère, un mari, un frère, une soeur ou un enfant puise échapper aux flammes en l'absence d'issue de secours, rapporte Al Ahdath.
Le deuil n'a jamais été fait et ne se fera jamais, surtout quand le tribunal juge que la famille d'une victime ne mérite pas plus qu'un dédommagement de 210 DH par mois ! Poignées de braises qui leur brûlent les mains chaque fin de mois. Heureusement que des âmes charitables sont toujours dans les parages pour sauver la mise et apporter leur secours à ceux qui sont dans le besoin. Al Ahdath, après sa redescente aux enfers de l'usine Rosamor, en est remonté pour mettre en lumière une belle initiative, "le summum de l'humanisme" comme l'a qualifiée le veuf d'une victime: une association d'enseignement privé qui s'est chargée de la scolarité de tous les enfants des victimes.