Dix ans d’attente, et toujours pas d’ouverture pour l’hôpital de spécialités de Tétouan

Hôpital de spécialités de Tétouan.

Revue de presseDix ans après la pose de la première pierre, l’hôpital de spécialités de Tétouan n’a toujours pas accueilli son premier patient. Entre chantiers inachevés, promesses officielles sans lendemain, et un hôpital provincial vétuste au bord de l’asphyxie, la population se retrouve privée d’un service de santé publique, digne de ce nom. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 29/09/2025 à 18h31

Dix années se sont écoulées depuis la pose de la première pierre de l’hôpital de spécialités de Tétouan. Dix ans de promesses, d’annonces répétées et de faux départs. Pourtant, l’établissement, tant attendu, garde toujours ses portes closes.

Les travaux, censés être achevés depuis longtemps, traînent encore en longueur, tandis que les habitants de la région continuent de patienter, souvent dans de grandes douleurs, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 30 septembre.

À chaque nouvelle échéance, les responsables assurent que l’ouverture est éminente. Et, pour donner l’illusion d’un chantier en voie d’achèvement, on aménage les abords, on embellit les entrées, on installe des panneaux lumineux portant le nom du futur hôpital.

Mais, derrière cette façade, l’intérieur reste en chantier, loin d’être opérationnel, peut-on lire. En attendant, c’est l’hôpital provincial de Tétouan, construit à l’époque coloniale espagnole, qui continue de porter à lui seul le fardeau de tout un territoire. Ses murs vieillissants, ses infrastructures saturées et son personnel insuffisant peinent à répondre aux besoins d’une population grandissante.

Chaque jour, des dizaines de patients affluent non seulement de la ville et de sa périphérie, mais aussi de M’diq-Fnideq, Chefchaouen, voire de Ouezzane. Résultat: un hôpital débordé, des lits insuffisants, des médecins épuisés, et des malades qui attendent des soins dans des conditions indignes. Pis encore, écrit Al Ahdath Al Maghribia, les budgets d’entretien et de réhabilitation du vieil hôpital ont été gelés, sous prétexte qu’un nouvel établissement allait bientôt ouvrir ses portes. De simples réparations d’urgence, souvent financées grâce à des donateurs privés, tiennent lieu de politique publique.

L’hôpital de spécialités, perçu au départ comme une bouffée d’oxygène pour améliorer l’offre de soins, est aujourd’hui qualifié par de nombreux habitants de «coquille vide», voire de «projet fantôme». Les retards accumulés ouvrent un boulevard aux cliniques privées, qui accueillent de plus en plus de patients contraints d’y recourir, au prix de factures exorbitantes que nombre de familles modestes peinent à assumer.

Selon des sources concordantes citées par Al Ahdath Al Maghribia, une enquête interne aurait été lancée par le ministère de la Santé pour comprendre les causes de ces retards. Mais rien de concret n’a émergé. À chaque visite officielle, une nouvelle date d’ouverture est avancée et aussitôt reportée.

Les travaux dits «finaux» n’en finissent pas, sans parler de l’étape cruciale de l’équipement médical et du recrutement du personnel spécialisé, conditions sine qua non pour mettre en marche l’établissement.

Dans une région en pleine expansion démographique et touristique, la situation devient critique. Tétouan attire chaque année des milliers, voire des millions de visiteurs, notamment en période estivale. Or, en cas d’urgences médicales, la population locale et les vacanciers se retrouvent face à une offre hospitalière indigente.

Les appels des habitants se font chaque jour plus pressants: ils exigent l’ouverture rapide de l’hôpital de spécialités. Le dossier a même franchi les murs du Parlement du Royaume, à Rabat, où des questions écrites et orales ont été posées au gouvernement.

Mais les réponses officielles se résument souvent à des chiffres vagues et des promesses creuses, sans calendrier précis. En attendant, l’hôpital “demeure une carcasse de béton, symbole d’un projet enlisé, reflet d’une politique sanitaire à la peine”, conclut le journal.

Par La Rédaction
Le 29/09/2025 à 18h31