Le paysage n’est que désolation: déchets plastiques sur le sable et la berge, eaux noirâtres des égouts qui se mêlent au bleu de la mer et cadavres de poissons morts par manque d’oxygène.
A Mohammedia, l’oued Nfifikh n’est plus cet estuaire de l’océan Atlantique où l’on pouvait nager dans les eaux limpides. «Jusqu’aux années 1980, je me rappelle qu’on venait se baigner dans l’oued. Actuellement, c’est chose impossible», témoigne pour Le360 un riverain qui impute cette dégradation à la pollution. Une dégradation de l’environnement d’origine humaine à laquelle est venu s’ajouter le dérèglement climatique avec son lot de hausses des températures et de raréfaction des eaux de pluie.
«Cela fait au moins cinq ans que l’Oued Nfifikh émet des signaux inquiétants. Ces cadavres de poissons sont l’illustration de la conjugaison de plusieurs facteurs tels que la faiblesse de la pluviométrie, la réduction du débit du déversement de l’eau de l’oued dans l’océan» croit savoir le militant écologiste, Mohamed Sahim, qui s’exprimait pour Le360.
Plus grave encore, le militant parle du changement de la nature même de ce cours d’eau: «le sable s’est entassé et barre la route de l’oued dans sa course vers l’océan. L’oued Nfifikh n’est plus une rivière, ni le point de rencontre avec la plage des Sablettes. Ce n’est maintenant qu’une marre d’eau stagnante», se désole-t-il tout en appelant les spécialistes à réaliser des études sur ce phénomène.
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Et c’est là tout le problème. C’est du moins ce qu’atteste une étude publiée cette année, par une équipe de chercheurs du laboratoire d'écologie et environnement de la faculté des sciences Ben M'Sik et du Laboratoire national de recherche et de surveillance des pollutions. Ces scientifiques avertissent, en préambule de leur publication, que «l'oued Nfifikh fait partie des rivières marocaines les moins étudiées».
Un suivi mensuel des paramètres physico-chimiques des indicateurs de pollution, mené d'août 2018 à juillet 2019, montre que «les eaux usées représentent une cause majeure de dégradation de la qualité de l'eau de ce milieu récepteur», concluent les chercheurs.
Et ce n’est pas cet estivant qui dira le contraire: «ce sont les égouts qui se déversent dans l’oued qui sont à l’origine de cette pollution à laquelle il faut ajouter l’incivisme de certaines personnes qui jettent leurs déchets à même la plage». Au Maroc, il est pourtant interdit de rejeter les eaux usées sans traitement préalable.
Si rien n’est fait, l'oued Nfifikh pourrait bien connaître le même sort que l’un des plus longs fleuves du Maroc. Depuis une année, le Moulouya ne se déverse plus en Méditerranée.