De récentes révélations issues des services régionaux de l’administration territoriale mettent en lumière un phénomène préoccupant. Un grand nombre de véhicules de l’État, identifiés par le fameux sigle J (ج), sont utilisés en dehors du cadre professionnel par des fonctionnaires et des élus locaux.
Selon des sources concordantes citées par le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 8 septembre, des responsables territoriaux du ministère de l’Intérieur ont exigé l’audit des registres des dépôts municipaux, dont les parkings se trouvent aujourd’hui presque vides. Cette situation résulterait de complicités dans la gestion du parc automobile, facilitant la rétention abusive des véhicules. Les autorités insistent désormais sur l’obligation de restituer toute voiture de service dès la fin de la mission pour laquelle elle a été attribuée.
Plus grave encore, certains élus auraient utilisé ces véhicules dans le cadre d’activités partisanes, frôlant de véritables campagnes électorales anticipées, en violation flagrante de la réglementation, apprend-on. Cette dérive survient malgré une circulaire du ministre de l’Intérieur, publiée l’an dernier, qui rappelait avec fermeté les règles encadrant l’usage des biens collectifs et exigeait l’inventaire exhaustif des voitures de service stationnées dans les garages municipaux.
Une nouvelle circulaire adressée aux collectivités de la région Casablanca-Settat interdit expressément l’utilisation des véhicules de l’État sans document officiel précisant l’identité du fonctionnaire responsable et la durée exacte d’affectation. Elle proscrit également toute utilisation en dehors des heures de travail, sauf en cas de mission urgente et dûment justifiée, a précisé Assabah.
Aujourd’hui, le parc automobile des collectivités territoriales compte près de 50.000 véhicules, engins et motos. En principe, ce matériel doit être exclusivement mobilisé pour le soutien logistique des services publics, la continuité des prestations et la satisfaction des besoins des citoyens.
Or, dans les faits, beaucoup de ces voitures deviennent de véritables véhicules personnels, ne réintégrant parfois les dépôts qu’à la fin des mandats électoraux, voire jamais.
Repris par Assabah, le rapport du Conseil supérieur des comptes dresse d’ailleurs un constat accablant. La gestion du parc automobile communal souffre d’un manque criant d’efficacité et empêche son exploitation optimale. Réduites à un simple rôle de transport, ces voitures perdent leur vocation première, à savoir l’appui aux missions des collectivités.
L’institution recommande la mise en place d’un cadre légal et institutionnel intégré pour organiser l’utilisation des véhicules et définir des critères stricts d’attribution. Elle appelle également à rationaliser les achats par le recours à une concurrence accrue et à encadrer les contrats de location longue durée, afin d’assurer transparence, efficacité et économie dans la gestion de ce patrimoine collectif.








