Me Abdelouahed Bouhmidi est avocat au barreau de Tanger. Il est le frère utérin et cadet de l’ancien médecin militaire Mourad Sghir. Dans cette interview pour Le360, il apporte de précieuses explications sur une partie de la vie de son frère et sur son décès.
Le 6 décembre, le procureur général du Roi à Tanger rendait public un communiqué où il affirmait que selon l’enquête préliminaire, et après une autopsie menée par trois médecins, Mourad Sghir a succombé, le 12 novembre dernier, à un «infarctus du myocarde dû à une sténose de l’artère coronaire gauche, qui résultait d’un saignement d’estomac dû à de multiples infections ulcéreuses». Le haut magistrat a ajouté que le défunt, arrivé aux urgences le 11 novembre et ne portant aucun document d’identité sur lui, ne présentait «aucune trace de violence ni de contusion sur le corps».
Les choses auraient dû s’arrêter à ce stade, mais les charognards des réseaux sociaux en ont décidé autrement et ont continué à relayer les histoires les plus folles.
Une famille éplorée face à une armée de charognards
Me Bouhmidi avait fait une première sortie médiatique pour donner la version de la famille. Mais, encore une fois, certaines voix, basées surtout à l’étranger, ont continué à faire circuler les mêmes fake news.
«Je vais m’exprimer pour la deuxième et dernière fois. Lors de ma première déclaration, certains ont insinué que j’étais sous pression. Je suis plutôt et toujours sous le choc comme n’importe quelle personne qui perd un être cher», explique l’avocat tangérois.
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Notre interlocuteur affirme que l’état de son frère, quelques mois avant son décès, était normal. Mais les complications ont resurgi trois semaines avant le jour fatal. «Il a de nouveau coupé tout contact avec moi et avec notre mère, et nous avons paniqué.»
Le 30 novembre dernier, Me Abdelouahed Bouhmidi a été convoqué au 5ème arrondissement de police, où il a retrouvé les deux sœurs de son frère en pleurs. «J’avais saisi la gravité de la situation.» Il a demandé l’autorisation d’inhumer son frère, mais les deux autres membres de la famille étaient d’un avis contraire et tenaient à ce que soit effectuée une autopsie. Ce qui fut fait et les médecins légistes ont conclu à une mort naturelle.
«Nous avons supporté l’insupportable. Laissez-le reposer en paix!», s’énerve, les larmes aux yeux, Me Bouhmidi, ajoutant que lui peut encaisser, mais pas sa mère âgée de 80 ans.
Une longue descente aux enfers
Selon le récit de Me Bouhmidi, deux étapes ont marqué la vie de son frère Mourad Sghir. Ce dernier était parti aux États-Unis en 2014 pour une formation de six mois. Un séjour qui avait tourné court: «Il m’avait appelé pour me dire qu’il ne pouvait pas continuer (...). Je me suis arrangé pour faciliter son retour au Maroc.»
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Une fois de retour au pays, Mourad Sghir choisit de s’installer à Aïn Harrouda, dans la banlieue de Mohammedia. «C’est là qu’avaient commencé les problèmes. Je ne dirais pas qu’il était fou, mais il était très perturbé et coupait tout contact avec nous», ajoute Me Bouhmidi.
La famille réussit néanmoins à maîtriser la situation et à convaincre Mourad Sghir de s’installer près d’elle à Tanger en 2016.
«Il était affecté par des problèmes familiaux dont je ne veux pas parler», affirme le frère de l’ancien médecin militaire, expliquant que l’état de santé (mentale, on le devine) de son parent passait par des hauts et des bas. Des périodes de lucidité où il devenait sociable et prenait soin de sa mère et des moments où il se coupait du monde, y compris de sa famille.
«Il a perdu le contrôle et il ne savait plus ce qu’il faisait. Le reste de l’histoire, vous le connaissez. Priez pour le repos de son âme!», conclut Abdelouahed Bouhmidi, très affecté par toutes les rumeurs qui ont circulé à propos de la mort de son frère.