Les restaurateurs de la corniche de Casablanca, qui se croyaient intouchables, devraient se soumettre à l’application stricte de la loi. En effet, Abdellatif Hammouchi, directeur du pôle DGST-DGSN, a lancé une opération «mains propres» en direction des adresses huppées de la restauration à Casablanca. Ces adresses pensaient être au-dessus de la loi, enfreignant toutes les mesures qui ont été instaurées pendant l’état d’urgence sanitaire. Pas de respect des horaires de fermeture, fixées à 23 heures pour les restaurants. De l’alcool servi en abondance, sans l’obligation de commander de la nourriture. Les clients ne disposent pas de masques de protection. Les mesures de distanciation ne sont pas respectées. De la musique à pleins décibels, comme dans une discothèque. Des pistes de danse aménagées pour une clientèle sans bavette qui se démène aux sons de tubes orientaux et occidentaux jusqu’à des heures qui rappellent la vie nocturne à Casablanca avant l’instauration de l’état d’urgence sanitaire.
Résultat: une recrudescence très inquiétante des cas de Covid-19 dans la plus grande agglomération du Royaume, et une saturation du système de santé.
Cette opération «mains propres» est dirigée par Abdellatif Hammouchi, a appris Le360 de source autorisée. Elle concerne plusieurs débits de boissons, à leur tête le complexe Tahiti Beach, l’hôtel La Côte qui a saucissonné le restaurant en plusieurs carrés bars, le restaurant Le Cabestan et d’autres adresses huppées de la capitale économique.
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«Abdellatif Hammouchi a donné ses ordres pour faire appliquer la loi à tous les restaurants, qu’ils se considèrent comme intouchables ou qu’ils se situent au quartier Sidi Moumen», précise notre source. Et d’insister: «l’amende de 300 dirhams sera appliquée aussi bien à Sidi Moumen qu’à Aïn Diab. On verbalisera autant les nantis qui se considèrent hors d’atteinte que les populations défavorisées de Sidi Moumen», martèle notre source.
En réaction à la campagne «mains propres», une agence de RP de la place, liée par un contrat de promotion à l’un des restaurants de la corniche, a été mandatée pour déclencher une campagne de discrédit des services de police. Cette agence a diffusé ses messages dans plusieurs médias, dont le nôtre, et sur les réseaux sociaux, dont celui-ci: le fait que les autorités exigent de «porter un masque en mangeant dans un restaurant». Un message hilarant, surréaliste, qui tente de montrer l’arbitraire d’une consigne impossible à appliquer, dans la mesure où il n’est pas possible de se restaurer ou de boire avec un masque de protection sur la bouche.
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Cette campagne est une vilaine et vaine propagande, qui ne fera que renforcer les pouvoirs publics dans leur détermination à appliquer la loi. Car contrairement à ce qu’a distillé cette agence de RP, il n’a jamais été question d’exiger le port du masque à une personne attablée, mais d’imposer qu’elle en dispose, et qu’elle soit en mesure de le montrer. Or, nombre de clients descendent de leur voiture sans masque de protection, se promènent dans le restaurant visage nu. Pire: les serveurs et barmaids ne portent parfois pas de masque non plus.
C’est ce laisser-aller qui est en train de faire échouer la stratégie de lutte contre le Covid-19. Visiblement la donne va changer, car il y aura désormais zéro tolérance pour les restaurateurs qui pensaient enfreindre la loi en toute impunité. Quant aux restaurants qui appliquent la loi et respectent les consignes sanitaires, et il en existe fort heureusement à Casablanca, ils ne sont pas concernés par la campagne ordonnée par Abdellatif Hammouchi. Pour le plus grand bien de leur clientèle.